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Pneumologie

Publié le 03 mai 2016Lecture 6 min

L’activité physique au cœur de la réhabilitation respiratoire

G. PEIFFER, Service de pneumologie, hôpital de Mercy, CHR de Metz-Thionville

Seul un tiers de la population a une activité physique satisfaisante selon les recommandations de l’Organisation mondiale de santé (OMS), c’est-à-dire une activité quotidienne de 30 minutes par jour d’un seul tenant, en endurance, provoquant un léger essoufflement. Pour démonstration, 50 % des trajets en voiture sont inférieurs à 5 km. En 2001, 77 % des Français ignoraient le message que bouger 30 minutes par jour était favorable à leur santé. Les campagnes d’information ont amélioré cette notion. Qu’en est-il pour les maladies chroniques ?

Un facteur de risque essentiel pour le développement de maladies chroniques est le temps passé en position assise. Sur une journée entière d’éveil, plus de 9 heures sont dédiées à une activité sédentaire, 6,5 heures à une activité de faible intensité (position debout, déambulation) et seulement 0,7 heure à une activité physique modérée (4-5 %)(1). Dans les années 1980, les effets favorables sur les facteurs de risque cardiovasculaire en lien avec l’activité physique sont développés : amélioration de la fonction endothéliale et plaquettaire, du profil lipidique, correction de l’HTA. Depuis cette liste, des effets favorables de l’activité physique s’est allongée : diminution du risque de certains cancers, amélioration du profil psychologique, incidence diminuée de la maladie d’Alzheimer, diminution du nombre d’hospitalisations. Une pratique régulière de la course à pied chez les plus de 50 ans semble prodiguer un gain fonctionnel de l’ordre de plus de 10 ans(2). La pratique régulière d’une activité physique permet une diminution de 27 % du taux de mortalité, toutes causes confondues, et de 31 % du taux de mortalité par infarctus du myocarde chez les patients souffrant d’une maladie coronarienne(3).   Impacts de l’activité physique chez le patient BPCO   Les impacts favorables de la réhabilitation (et notamment de l’activité physique) chez les patients atteints de broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sont nombreux et bien connus (tableau 1). Chez ces patients, le risque de morbimortalité est inversement corrélé au niveau d’activité physique(4,5). Mais le bénéfice de la réhabilitation obtenu est, le plus souvent, perdu en quelques semaines, car l’observance des programmes d’entretien à domicileest généralement faible.     Comment conserver le résultat obtenu avec la réhabilitation respiratoire ?   Les programmes de suivi postréhabilitation semblent peu efficaces(6). La répétition de programmes courts pourrait favoriser la préservation des résultats. Les bénéfices à long terme de la réhabilitation ne perdureront que si le patient modifie donc durablement son mode de vie et maintient ses nouvelles habitudes. Associé à la poursuite d’une activité physique régulière (exercices de renforcement musculaire, d’équilibre et de souplesse), la non-reprise du tabac et une alimentation équilibréesont primordiales. L’éducation thérapeutique du patient a toute sa place : travailler au projet éducatif individuel de chacun des patients est primordial. Le thème de l’activité physique devra être développé dans ses différentes composantes. En effet, ce thème touche à des éléments aussi divers que les croyances et conceptions de la personne (sur les liens entre activité physique et sport ou entre activité physique et activités de la vie quotidienne, sur les risques et bénéfices de l’activité physique chez une personne malade, etc.), les émotions (peurs du risque encouru, manque de confiance dans sa capacité à réussir, à faire face à un problème, à mettre en œuvre et maintenir le changement, etc.), les habitudes de vie, les interactions avec l’entourage, etc.   Les conseils d’activité physique doivent toujours être clairement énoncés   Il faut considérer différents paramètres : – le type d’activité (marche, vélo, activité domestique ou jardinage, loisirs, etc.) ; – le temps cumulé ou le temps minimum passé à faire une activité physique même modérée ; – l’intensité des activités mesurée souvent par l’équivalent métabolique (Metabolic Equivalent of Task, MET). Le MET est une méthode permettant de mesurer l’intensité d’une activité physique et la dépense énergétique ; il est défini comme le rapport de l’activité sur la demande du métabolisme de base. L’échelle d’équivalence métabolique va de 0,9 MET (sommeil) à 18 MET (course à 17,5 km/h) (tableau 2). L’évaluation du niveau d’activité physique de ces patients peut se faire de façon subjective via des questionnaires ou, de façon plus objective, via l’utilisation de systèmes électroniquesconnectés qui se perfectionnent chaque jour (podomètres, actimètres, mieux accéloromètres, montres et bracelets connectés ou applications pour smartphone, enfin logiciels de suivi de l’activité). Ces outils permettent d’avoir un panorama de son activité physique et de mieux évaluer ses performances. Des études sont en cours pour une meilleure validation de ces instruments(7).     Comment motiver les patients à pratique une activité régulière ?   Au-delà du classique modèle transthéorique du changement de Prochaska et Di Clemente, qui comporte 5 concepts : les stades de changement, les stratégies de changement, la balance décisionnelle, le sentiment d’efficacité personnelle et les niveaux de changement, a été présentée la théorie des quatre sens de J.-P. Boutinet (professeur de psychosociologie à l’UCO d’Angers). Pour décliner le projet de changement de comportement « pratiquer une activité physique », une approche multidimensionnelle est nécessaire et seront donc étudiés : – le sens direction : celui qui oriente : vers quel avenir se dirige le patient ?, anticipation, perspectives ; – le sens signification : celui qui fait signe : ce qui a de la valeur, ce qui fait signe pour le patient (ses valeurs) ; – le sens sensorialité : celui qui exprime : ce qui relie avec l’environnement – quand le patient ressent-il du plaisir ? – le sens sensibilité : celui qui éprouve : résonance avec ce que le patient a vécu, représentations et croyances. Les stratégies éducatives s’élaboreront dans les quatre directions, en utilisant à tous niveaux les techniques de l’entretien motivationnel : empathie, développer la discordance, soutenir l’auto-efficacité, rouler sur les résistances. Maintenir une activité physique lorsque l’on est atteint d’une maladie chronique, notamment une BPCO, est essentiel. Il est très difficile de s’y astreindre tout seul, tous les jours. C’est là où la famille peut prendre aussi toute sa place. L’idéal est d’arriver à se faire un programme d’activités physiques hebdomadaire ou mensuel, avec son conjoint, les enfants, des amis, une association…, de façon à établir une régularité.   Parcours du patient atteint d'une maladie respiratoire chronique : de la spirale infernale de la maldie à la qualité de vie.

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