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COVID-19

Publié le 26 avr 2021Lecture 4 min

Covid-19 : arrêter la mise à disposition du vaccin AstraZeneca serait criminel

Colas TCHÉRAKIAN, Hôpital Foch, Suresnes

Décidemment, le vaccin Oxford/AstraZeneca (Vaxzevria®) est dans la tourmente depuis le début (cf. article paru sur opa-pratique.com). Pourtant, il est eficace. Les études en vraie vie montrent qu’il protège de façon effective contre les formes graves, y compris le sujet âgé. Cerise sur le gâteau, il a moins d’effets secondaires, sur les données en France des centres de pharmacovigilance, que son homologue de chez Pizer (cf. ANSM).

Clairement, ce qui coince auprès des personnes à vacciner, ce sont les cas de décès par thrombose. Des décès ont été également rapportés après les injections par le Comirnaty Pizer-BioNTech mais l’imputabilité n’est pas démontrée. Ici, dificile de ne pas relier l’administration du Vaxzevria® à la survenue de la maladie : – on reconnaît un lien de temporalité (la maladie survient toujours après l’injection) ; – il s’agit d’une maladie auto-immune ne survenant pas dans un autre contexte qu’en post-vaccination par un adénovirus vecteur ; – ce tableau clinique est spéciique (thromboses particulières par leur sites associées à une thrombopénie) ; – un marqueur physiopathologique y est associé avec la production d’auto-anticorps anti-facteur plaquettaire 4 (PF4). Ce mécanisme se rapproche des thrombopénies immuno-allergiques après administration d’héparine. Bon, les choses sont dites, on peut retenir un lien avec une quasi-certitude. Le risque de mortalité est de 1 pour 2 millions de vaccinations en se basant sur les statistiques anglaises. Mais ça c’était AVANT qu’on comprenne le mécanisme des thromboses, car on traitait ces patients avec… de l’héparine ! Logique puisqu’ils faisaient des thromboses. Depuis que l’on connaît le mécanisme, on utilise des perfusions d’immunoglobulines qui corrigent l’auto-immunité et des anticoagulants « sans héparines ». De plus, la population la plus à risque est bien identiiée, particulièrement la femme jeune (proil à risque d’auto-immunité). Le biais possible est qu’il s’agissait de la population la plus vaccinée. À l’inverse, le sujet âgé (l’homme en particulier) semble associé à un risque moins important. Pourtant, le bénéice reste en faveur de la vaccination par Vaxzevria®, même dans la population jeune où la mortalité liée à la Covid est 100 fois moins importante que chez le sujet de plus de 75 ans. Le risque de mortalité en cas de Covid est de 1 pour 2 500 et le risque de mortalité par complication vaccinale à moins de 1 pour 2,5 millions (et avant qu’on comprenne comment traiter ces thromboses). Soit un effet protecteur d’au moins 1 000 en faveur du vaccin. Ce qui a fait dire à l’Agence européenne du médicament que le proil bénéfice/risque était toujours en faveur du vaccin. Ce bénéice se démultiplie chez le sujet âgé moins à risque de complications du vaccin et, à l’inverse, plus à risque de décès de la Covid. La poursuite de la vaccination dans cette population ne se discute même pas. Les risques de mourir d’un accident de voiture sont supérieurs au risque de décès après une vaccination par Vaxzevria®. Je ne vous parle pas du risque de décès en saut en parachute… On a plus de risque de mourir de la Covid que de la vaccination quelle que soit sa tranche d’âge… et pourtant. Ci-dessous, les chiffres sont implacables. L’effet loto : « Je ne veux pas prendre le risque de mourir de la vaccination alors que je ne serais sûrement pas mort de la Covid si je l’attrapais ». C’est souvent ce qu’on entend chez les gens jeunes. Alors qu’on vient de voir que les statistiques disent l’inverse. Mais voilà, vous l’avez expérimenté, les jeunes en bonne santé n’imaginent pas tomber malade. C’est une constante quand on discute avec les patients jeunes qui ont fait une pneumopathie grave, une Covid, une embolie pulmonaire : « On ne pouvait pas imaginer, c’est une rupture ». Ils ne peuvent donc pas intégrer un risque réel mesurable qu’est le risque de décès par Covid pour l’opposer à un risque hypothétique ininitésimal qu’est le décès par effet secondaire. Peut-on continuer de proposer la vaccination par le vaccin Oxford/AstraZeneca ? Oui, cela a un vrai sens. Ce qui fait qu’aujourd’hui on ne propose plus le Vaxzevria® dans la population jeune, ce n’est pas parce qu’il n’a pas une bonne marge thérapeutique… c’est parce qu’on a une alternative avec un meilleur index thérapeutique pour cette population. Mais au risque d’être provocateur, et : – compte tenu d’un taux d’effets secondaires graves non supérieur du Vaxzevria® ; – de la pénurie de vaccin ; – de la course contre la montre engagée dans la lutte contre la pandémie ; – et de la compréhension du mécanisme de thrombose et de la disponibilité d’un traitement adapté. Cette position mériterait d’être reconsidérée, en tout cas jusqu’à ce qu’on ait une quantité sufisante de vaccins « non adénovirus » à disposition. À tout le moins, qu’on laisse la liberté aux personnes de choisir, et surtout que l’on n’arrête pas la vaccination par Oxford/AstraZeneca.

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