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Apnées du sommeil

Publié le 11 mai 2017Lecture 5 min

Troubles du sommeil : l'actualité des JPRS

Odile SAUVAGET, Paris

La 8e édition des Journées Pratiques Respiration Sommeil (JPRS) a une nouvelle fois répondu à son objectif : échanger autour des actualités des pathologies liées au sommeil et se rapprocher de la pratique des nombreux participants. OPA Pratique vous rend compte dans cet article d’une sélection des communications autour des troubles du sommeil.

Apnée du sommeil et vie de couple : comment en parler ? D’après la communication de E. Roumiguier (Tarbes) Les conséquences de l’apnée du sommeil sur la vie de couple sont multiples et touchent à la fois la vie quotidienne et les différentes composantes de la sexualité de la personne concernée et de son/sa partenaire : composantes fonctionnelles (désir, excitation), mais aussi relationnelles (dimension affective) et existentielles (altération de la perception de son identité féminine ou masculine). Ces impacts sont différents selon la situation du patient. Par exemple, dans le cas d’une personne en phase de séduction, expliquer la pathologie et son traitement, peut être perçu comme un frein à la mise en place d’une relation. Dans un couple déjà constitué, l’impact émotionnel lié à la maladie et à l’arrivée du traitement peut perturber la vie affective/sexuelle du couple. Au quotidien, dans une consultation, ce sujet reste peu évoqué par le professionnel de santé et le patient : le manque de temps, de connaissances, l’absence des mots du langage courant pour en parler, la peur de gêner (est-ce vraiment un problème médical ?), sont autant de facteurs expliquant cette barrière. L’enjeu est pourtant de taille si l’on considère que la santé sexuelle fait partie de la santé en général. Dans le cadre de la prise en charge de l’apnée du sommeil, le bien-être du patient conditionne l’appropriation de sa maladie, de son traitement et donc favorise l’observance. Aussi, face à ces problématiques, le médecin a un rôle majeur à jouer : ouvrir le dialogue, libérer la parole pour casser le « tabou ». Comment ? Poser une simple question ouverte permet de laisser au patient la liberté d’évoquer le sujet ou pas et au professionnel de santé de mesurer, d’une part, l’impact émotionnel de la maladie et du traitement sur la prise en charge du patient et, d’autre part, de lui proposer si besoin une aide et/ou une orientation vers un sexologue, psychologue, etc. Cet atelier a donc permis aux professionnels de santé de percevoir l’importance de ce sujet, mais aussi d’avoir les outils pour l’aborder. Hypertrophie adénoïdo-amygdalienne et troubles respiratoires obstructifs du sommeil de 2 à 18 ans D’après la communication de C. Lamblin (Lille) Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), chez l’enfant, comme chez l’adulte, se caractérise par une obstruction des voies aériennes supérieures. L’hypertrophie adénoïdo-amygdalienne est la cause principale de cette obstruction. Elle favorise la respiration buccale et altère la croissance faciale de l’enfant (faciès adénoïdien ou long face syndrome), marqueurs distinctifs d’un SAHOS chez l’enfant. L’adéno-amygdalectomie demeure le traitement de référence de première intention. Selon les recommandations SFORL (2006), les troubles respiratoires du sommeil secondaires à l’obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) représentent deux tiers des indications d’amygdalectomie. L’efficacité de cette opération sur le SAHOS de l’enfant est réelle : elle favorise la restauration de la respiration nasale et un développement facial harmonieux. Selon l’étude CHAT, on observe une normalisation de la PSG (IAH < 2) dans 79 % des cas après adéno-amygdalectomie contre 46 % des sujets sous surveillance(1). Elle a de plus un impact positif sur les symptômes du SAHOS, la croissance staturo-pondérale, le comportement, les ronflements et la qualité de vie(2) ou encore du sommeil. Cependant, un suivi prolongé du patient doit être mis en place pour s’assurer du bénéfice à long terme de cette opération. Une PSG postopératoire, en cas de persistance de signes cliniques de troubles respiratoires obstructifs du sommeil, est alors nécessaire. En outre, il existe des facteurs prédictifs de persistance des troubles respiratoires obstructifs du sommeil suite à l’opération : obésité, race noire, âge > 7 ans, anomalies crânio-faciales, IAH élevé préopératoire > 20/h, asthme ou encore SAOS syndromique (Down, Prader-Willi, etc.)(3,4). Il est ainsi important d’identifier en amont ces facteurs afin de mettre en place une prise en charge globale et pluridisciplinaire (orthodontie, ventilation nocturne, rééducation) permettant de traiter l’ensemble des causes de l’obstruction des voies aériennes : l’obésité, des anomalies maxillofaciales primitives telles une petite mandibule/un complexe nasomaxillaire étroit ou encore une diminution du tonus musculaire de la gorge et de la langue(5). SAS et médicaments (psychotropes)(6) D’après la communication de S. Quentin-Palos Pinto (La Rochelle) La France est un des pays européens où la consommation de psychotropes est la plus élevée. Les patients ayant une polysomnographie (PSG) sous psychotropes sont bien plus nombreux qu’on ne le pense. Dans le cadre du diagnostic ou de la prise en charge d’un syndrome d’apnée du sommeil, ce constat nécessite donc à plusieurs égards une vigilance particulière. Les psychotropes modifient l’architecture du sommeil En effet, les antidépresseurs, surtout les sérotoninergiques purs, retardent la latence du sommeil paradoxal et favorisent une micro-fragmentation du sommeil profond. De plus, la prise chronique de benzodiazépines, quelle que soit leur durée de vie, favorise une diminution et un retard à la fois du sommeil profond et du REM, ainsi qu’une augmentation des micro-éveils et éveils (avec souvent amnésie de ces événements). Les psychotropes ont un impact sur l’EEG du sommeil La consommation de benzodiazépines ou de morphiniques, qu’elle soit ponctuelle ou chronique, peut rendre un tracé de l’EEG peu lisible et entraîner une confusion lors de lecture des phases éveil/sommeil. Une attention particulière lors de la lecture d’une polysomnographie est nécessaire afin de s’affranchir des artefacts et constater l’impact des psychotropes sur EEG. L’intérêt de l’enregistrement des muscles jambiers est important pour détecter les mouvements périodiques des jambes (MPJ) associés à des événements respiratoires. Les psychotropes peuvent avoir un impact sur les événements respiratoires La prise d’antidépresseurs, surtout les sérotoninergiques purs, favorise la prise de poids et a un effet dépresseur respiratoire non négligeable pouvant provoquer ou aggraver un SAHOS. La consommation de benzodiazépines a quant à elle un effet relaxant sur les muscles dilatateurs du pharynx favorisant les événements obstructifs au cours de la phase de sommeil lent. De plus, elle favorise les événements centraux en REM (respiration ataxique) et a un effet dosedépendant réel, la hausse de la consommation favorisant l’apparition d’un SAS central. Avant la réalisation d’un examen du sommeil, il est donc important d’évoquer ce sujet avec le patient et de bien regarder ses ordonnances. En outre, il est indispensable de réaliser un bilan approfondi du patient avant d’envisager la mise en place d’un traitement ventilatoire. Enfin, si un sevrage de psychotropes est souhaitable, il doit toujours se faire progressivement, de manière adaptée au patient et en parallèle d’un suivi médical.    

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