Publié le 12 fév 2020Lecture 2 min
Régimes chez l’enfant allergique : pas trop d’exclusions
François LAVAUD, Reims
Des années 1980 à nos jours, les pratiques et les recommandations concernant le régime alimentaire de l’enfant allergique ont considérablement évolué. Après une période où la diversification alimentaire se faisait précocement, vers 6 mois, avec introduction d’une alimentation solide tout en privilégiant l’allaitement maternel dans les premiers mois de la vie, l’explosion des allergies alimentaires a fait revoir ces pratiques.
À la suite d’études prospectives sur des cohortes essentiellement anglo-saxonnes des mesures drastiques s’imposèrent, en continuant à privilégier un allaitement au sein prolongé (9 à 12 mois, voire plus), mais en différant l’introduction des aliments solides si le risque allergique était estimé important(1). Ainsi on ne proposait œufs et poissons qu’après 12 mois et arachides et fruits à coque étaient prohibés jusqu’à l’âge de 6 ans. À cela s’ajoutèrent des propositions très coercitives d’éviction alimentaire en fin de grossesse et pendant l’allaitement.Ces régimes draconiens étaient bien sûr appliqués chez les enfants qui avaient développé une allergie alimentaire avec éviction totale de l’allergène même sous forme de traces. Pour l’arachide, la moindre trace d’huile ou de graisse à base de cet allergène était prohibée. Actuellement les allergologues sont revenus sur ces pratiques empiriques et excessives, toujours à la suite de nouvelles études prospectives de cohorte.Ainsi on a pu montrer que l’allergénicité des huiles d’arachide était nulle pour des huiles correctement raffinées, que les régimes hypoallergéniques chez la femme enceinte n’avaient pas d’influence sur l’apparition de maladies atopiques et que l’introduction précoce des allergènes alimentaires potentiels avait un rôle protecteur, pratique maintenant recommandée par l’Académie américaine de pédiatrie. Une toute récente publication suédoise va dans ce sens(2). À partir de la cohorte prospective ABIS, 9 727 enfants ont été suivis de leur naissance à l’âge de 17 ans. Le risque de développer un asthme était plus élevé chez les garçons et en cas de naissance par césarienne. La protection apportée par allaitement maternel de plus de 6 mois n’était pas significative mais la prise de lait artificiel avant l’âge de 14 semaines était associé à une plus grande fréquence d’asthme. A contrario l’introduction de poisson avant l’âge de 43 semaines avait un rôle protecteur avec diminution du risque d’asthme.
Enfin, il est habituel de constater que les difficultés d’alimentation sont fréquentes chez l’enfant allergique avec en conséquence des troubles de croissance(3). Dans la majorité des études les enfants atteints d’allergie alimentaire ont un retard de croissance et une réduction de la consommation de micronutriments. N’en rajoutons pas en préconisant des exclusions injustifiées et privilégions une individualisation de la prise en charge diététique pour accompagner une préparation hypoallergénique la mieux appropriée avec l’aide éventuelle de nutritionnistes.
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