Tabagisme et COVID-19 : une évidence ?

Le tabagisme constitue-t-il ou non un facteur de risque de sévérité de la COVID-19 (COronaVIrus Disease) ? Deux revues de la littérature, qui reposent sur l’analyse de 4 études communes sur les 5 sélectionnées*, aboutissent à des réponses contradictoires. Dans la première, publiée sous la forme d’un éditorial(1), il est rappelé que cette pratique double le risque de contracter une grippe et avait été associée à une surmortalité par comparaison aux patients non fumeurs lors de l’épidémie de MERS-COV de 2012. Elle conclut à l’existence probable d’un lien entre tabagisme et sévérité de la COVID-19. À l’inverse, d’après les résultats préliminaires de la seconde, rapportés dans une lettre à l’éditeur(2), il n’y a pas d’association entre les deux. Ses auteurs soulignent que le plus fort taux de mortalité chez les patients masculins de Chine pourrait s’expliquer par une prévalence plus élevée des comorbidités, en particulier du tabagisme (52,1 % et 2,7 % chez les femmes). Ils précisent toutefois qu’une diminution des taux d’ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine II) a été observée chez les fumeurs. Or, cette enzyme semble être le récepteur fonctionnel du SARS-CoV-2. Pour l’heure, il n’est donc pas possible de conclure formellement sur ce sujet. On connaît les limites des méthodologies des métaanalyses et de nouvelles études sont, bien sûr, nécessaires pour obtenir davantage de preuves confirmant ou infirmant le rôle néfaste de la consommation de tabac dans l’infection à SARS-CoV-2. C. FABER *Toutes ces études ont été menées en Chine, sur des séries hospitalières de 41 à 1 099 patients. Références 1. Vardavas CI et al. COVID-19 and smoking: a systematic review of the evidence. Tob Induc Dis 2020 ; 18 : 20. 2. Lippi G et al. Active smoking is not associated with severity of coronavirus disease 2019 (COVID-19). Eur J Intern Med 2020 Mar 16. pii: S0953-6205(20)30110-2. Avec le soutien institutionnel du laboratoire