COVID-19
Publié le 20 mai 2020Lecture 3 min
De quoi meurent les patients infectés par le SARS-CoV-2 ?
En 1910 comme en 2020, la meilleure façon d’identifier la cause directe d’un décès est de pratiquer une autopsie. Pourtant, cet examen post mortem est de moins en moins réalisé dans le monde, une situation que regrettent les signataires de cette intéressante étude(1). Dans la ville-état de Hambourg, les autorités sanitaires ont rendu obligatoire l’examen autopsique des patients décédés d’une COVID-19 confirmée. La série présentée par D. Witchmann et al. relève donc de cette décision et porte de façon prospective sur les 12 premiers patients décédés de cette nouvelle maladie dans la région de Hambourg.
Une étude prospective
La moyenne d’âge de ces 12 patients était de 73 ans et 75 % d’entre eux étaient des hommes, une statistique en accord avec les données épidémiologiques connues. Deux d’entre eux étaient décédés à leur domicile et ils présentaient tous des pathologies sous-jacentes considérées comme des facteurs de risque de COVID-19 grave, en particulier une coronaropathie (50 %), un asthme ou une BPCO (25 %).
L’examen des cadavres comprenait une autopsie complète, un scanner post mortem corps entier ainsi qu’un scanner thoracique de meilleure résolution (impossible dans 2 cas), des prélèvements d’organes multiples testés par RT-PCR et étudiés sur un plan histologique. Ces examens ont été réalisés entre 1 et 5 jours après la survenue du décès.
Le poids de la maladie thromboembolique
Quatre sujets, soit un tiers des cas dans cette étude, étaient décédés d’une embolie pulmonaire massive. Au total, des thromboses veineuses profondes atteignant les deux jambes ont été mises en évidence chez 7 des 12 cadavres autopsiés, soit dans 58 % des cas. Des thromboses du plexus veineux prostatique ont également été observées chez 6 des 9 hommes examinés.
Dans tous les cas, la cause du décès siégeait dans le tissu pulmonaire ou dans sa vascularisation. Les poumons présentaient des lésions de pneumopathie sévère avec un poids augmenté (1988 g en moyenne vs 840 g chez l’homme et 639 g chez la femme dans la population générale). L’examen histologique du tissu pulmonaire a mis en évidence la présence de membranes hyalines, de pneumocytes activés, de microemboles, d’infiltrats inflammatoires et d’un œdème interstitiel. À un stade plus tardif de la maladie, les auteurs décrivent des métaplasies squameuses puis, à un stade encore plus avancé, une destruction des parois alvéolaires et une infiltration lymphocytaire des bronches. Dans tous les cas, des microthrombi ont été observés dans les petites artères pulmonaires.
Sur le plan virologique, l’ARN viral a été détecté dans l’ensemble des poumons étudiés et dans 9 cas sur 12 dans le pharynx. La moitié des sujets (n = 6) avaient une virémie modérée (< 4 x 104 copies/ml) et chez 5 d’entre eux du matériel génétique viral était également présent dans certains organes, en particulier cœur, foie et rein. La RT-PCR a été positive sur le tissu cérébral de seulement 4 sujets (25 %). Toutefois les auteurs préviennent que la RT-PCR ne permet pas de faire la différence entre la présence infectante du virus et celle d’ARN subgénomique ne signant pas une réplication virale.
Des implications thérapeutiques
Cette étude semble confirmer que le virus peut atteindre des organes à distance des voies respiratoires en passant par la circulation générale. Surtout, l’incidence des thromboses veineuses profondes et de l’embolie pulmonaire plaident en faveur d’un traitement anticoagulant de tous les patients présentant des formes de COVID-19 graves.
G. L.
Référence
1. Wichmann D et al. Autopsy findings and veinous thromboembolism in patients with COVID-19. Ann Intern Med 2020 ; https://doi.org/10.7326/M20-2003
Avec le soutien institutionnel du laboratoire
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