Publié le 04 juin 2020Lecture 2 min
Ils ressortent !
Colas TCHÉRAKIAN, hôpital Foch, Suresnes
Cela fait plusieurs mois que nous sommes tous obsédés par la COVID-19. On se lève COVID, on mange COVID, on se couche COVID et on rêve COVID. Soit on l’a rencontrée dans son hôpital et elle a paralysé le système. Soit on ne l’a pas rencontrée, et de toute façon le système était paralysé en l’attendant. Et pendant ce temps… les autres pathologies disparaissaient de notre champ de vision. Voilà maintenant quelques semaines que les autres patients réapparaissent, porteurs d’asthme, de BPCO et de cancer, ils ressortent de leur tanière et pas toujours en bon état
Plutôt qu’une deuxième vague de COVID, certains d’entre nous pensent que la vraie deuxième vague est là ! Avec ces patients qui se sont soustraits d’eux-mêmes au système de soins et ont laissé se dégrader leur pathologie de fond de peur de s’infecter à l’hôpital. Il nous semble parfois évident sur certaines pathologies que la régularité du suivi, la consultation de routine, évitent des catastrophes. Nous sommes en train de le vérifier. Nous payons aujourd’hui le prix de la disparition de la prévention. La prévention des complications est la vraie avancée de la médecine. Il nous a pourtant été tellement répété que c’est l’offre qui créait la demande et qu’en retirant les consultations de médecine « inutiles », les malades iraient aussi bien et le déficit de la Sécu également.
On vérifie actuellement qu’hélas voir les malades qui vont bien n’est pas un luxe. Cela apparaît moins gratifiant que de sauver la vie des patients infectés par la COVID, mais cela a autant d’importance. Reprenons donc, entre deux vagues de COVID, nos consultations habituelles : elles ont du sens.
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