Publié le 08 juin 2022Lecture 2 min
Un « trait traitable », c’est quoi ?
Colas TCHÉRAKIAN, Service de pneumologie, hôpital Foch, Suresnes
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Dans ce numéro d’OPA Pratique, Gaëtan Deslée fait une remarquable synthèse de la littérature sur l’efficacité des macrolides, en particulier l’azithromycine, dans la BPCO.
C’est une bonne occasion de parler des « traits traitables », traduction française de « treatable traits ». Ce concept de traits ou caractéristiques accessibles à un traitement gagne du terrain en pneumologie. L’utilisation de l’azithromycine est un bon exemple de départ pour comprendre le concept.
En effet, l’azithromycine est utilisée dans de nombreuses pathologies respiratoires bronchiques depuis des dizaines d’années en pneumologie. Dans la bronchiolite oblitérante, les dilatations des bronches (DDB), d’abord dans la mucoviscidose puis hors mucoviscidose, puis dans l’asthme, la BPCO... la liste est longue. Au sein de chacun de ces groupes, l’utilisation d’azithromycine ne sera pas pour autant pertinent. Par exemple, au sein des patients avec des DDB, certains seront répondeurs à l’azithromycine et d’autres non.
Le concept de « trait traitable » revient à dire : plutôt que de classer le patient de façon nosologique (BPCO versus asthme versus DDB...), pourquoi ne pas chercher un marqueur prédictif « universel » de réponse à l’azithromycine au sein de chacun de ces groupes ?
Ce marqueur de réponse peut être biologique, radiologique, ou encore volatolomique (avec l’analyse de marqueurs prédictifs de réponse dans l’air exhalé).
Les patients sont alors classés selon les options thérapeutiques, plutôt que par la nosologie.Vous n’avez plus une BPCO ou une DDB, vous avez une pathologie respiratoire bronchique traitable ou non par l’azithromycine.
Pour filer l’exemple, la présence d’une éosinophilie a été rapportée comme possiblement prédictive d’une réponse à l’azithromycine dans la BPCO. L’éosinophilie reste ici un biomarqueur possible de la réponse à l’azithromycine dans la BPCO mais ce n’est pas un trait traitable au sens propre. Il aurait fallu que l’éosinophilie soit prédictive de façon plus générale au cours des maladies respiratoires bronchiques, d’une réponse à l’azithromycine. Or, l’éosinophilie n’est pas prédictive d’une efficacité de l’azithromycine au cours de l’asthme ou des DDB. Un autre exemple de trait traitable pourrait être la présence de signes radiologiques de fibrose progressive au cours d’une pneumopathie interstitielle diffuse (PID). En effet, quelle que soit la cause de la PID (PIC, PINS, PHS ou PID de PR), l’administration d’un traitement antifibrosant sera bénéfique. Des signes de fibrose progressive radiologique peuvent ainsi constituer un trait traitable.
Cette approche pragmatique transversale pourrait nous faire revisiter notre façon d’appréhender certaines maladies et leur thérapeutique.
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