Publié le 15 déc 2022Lecture 3 min
La pollution atmosphérique, un impact majeur et croissant sur la santé respiratoire
Caroline GUIGNOT, Lille
Les liens entre les principaux polluants et les maladies respiratoires sont de mieux en mieux décrits. Malgré la révision des seuils d’exposition maximaux par l’OMS, les niveaux d’exposition progressent.
La pollution atmosphérique serait aujourd’hui le quatrième facteur de risque de morbidité et de mortalité, derrière l’hypertension artérielle, le tabagisme et une mauvaise alimentation. En effet, les données sur les liens entre l’exposition à la pollution atmosphérique et les risques pour la santé respiratoires s’accumulent. Il est aujourd’hui établi que l’exposition à long terme permet le développement de pathologies respiratoires et augmente le risque de décès associé. L’exposition à court terme accroît aussi la symptomatologie et le risque de complication des pathologies respiratoires comme la BPCO, l’asthme ou les infections des voies respiratoires inférieures. Concernant le cancer du poumon, les preuves décrivant un lien entre les particules fines (PM2,5 ) ou le NO2 et la survenue d’un cancer du poumon ou le décès par cancer du poumon sont robustes(1). Une étude menée à partir de données européennes plus récentes suggère même que ce risque existe pour des taux d’exposition inférieurs aux seuils réglementaires européens(2).
Concernant l’asthme, le niveau de preuve est supérieur à celui disponible chez l’adulte, notamment parce que les études de cohortes conduites auprès d’un effectif et selon un suivi suffisants sont encore rares. Cependant, les données de l’étude européenne ELAPSE confortent l’idée d’une association entre exposition à long terme de la population adulte et développement d’un asthme, y compris pour des taux inférieurs aux seuils réglementaires européens(3). Il en est de même concernant les liens entre PM2,5 , NO2 , et BPCO, même si le niveau d’évidence est plus contrasté selon les études(4,5).
Sur le plan infectieux, onze des 12 études disponibles sur le sujet ont montré un lien entre exposition chronique à la pollution atmosphérique et le risque de décès par pneumonie(6). Six études ont aussi été menées concernant les liens entre une telle exposition et les risques de survenue de Covid-19 ou de complications associées (sévérité, hospitalisation, décès, etc.) : toutes ont décrit une association plutôt solide, ce qui est cohérent avec l’impact connu de la pollution sur l’immunité et ce qui a été préalablement décrit concernant le risque de pneumonie. En septembre 2022, l’Organisation mondiale de la santé a établi de nouveaux seuils maximaux d’exposition aux particules fines et, pour la première fois pour l’exposition au NO2 : ainsi, la moyenne annuelle et la moyenne sur 24 heures ne doit pas excéder 5 μ g/m3 et 15 μ g/m3 pour les PM2,5 , 15 et 45 μ g/m3 pour les PM10 et 10 et 25 μ g/m3 pour le NO2 . Sur ces nouvelles bases, il apparaît que 99 % de la population mondiale est exposée à des taux de PM2,5 anormalement élevés(7).
Les chiffres de décès mondiaux liés à la pollution atmosphérique, qui ont augmenté de 4,2 millions à 6,7 millions entre 2015 et 2019 devraient être désormais supérieurs. Le nombre de ces décès au niveau européen a été estimé à 373 000 en 2019, sachant que les seuils actuels fixés par la législation européenne sont supérieurs aux anciens standards OMS. Étant donné l’étroite corrélation entre la pollution atmosphérique et le changement climatique, la nécessité de mesures adaptées et efficaces devient urgente. Dans ce délai, il semble nécessaire que les connaissances des professionnels de santé sur les liens entre pollution atmosphérique et santé respiratoire soient renforcés et que les personnes les plus vulnérables face à ces risques soient étroitement suivies.
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