Publié le 28 avr 2023Lecture 3 min
Les Assises Face et Cou - Prise en charge du ronfleur simple
Hannah DAOUDI - D’après la communication de O. Gallet de Santerre
Pourquoi ronfle-t-on ? Nous, humains, sommes potentiellement apnéiques. Les voies aériennes supérieures comprennent deux segments rigides avec le nez et le larynx et un segment mou, le pharynx avec l’os hyoïde, sans attache musculaire dont les parois peuvent se collaber et font du bruit en vibrant.
L’essentiel, chez un ronfleur isolé, est l’interrogatoire avec présence du conjoint. Ceci permet :
– l’analyse du ronflement, sa fréquence, le type de ronflements (inspiratoire, expiratoire), les facteurs associés (alcool, tabac, habitudes alimentaires, dette de sommeil), l’ancienneté. Dans le couple, qui est la personne gênée ?
– la recherche d’une pathologie ORL associée et particulièrement l’état du nez et de l’éventuelle obstruction nasale ;
– la recherche de comorbidités : surcharge pondérale, hypertension artérielle, diabète, etc.
L’examen clinique peut être plus rapide avec l’examen des dents et de la classe d’angle, l’étude des articulations temporo-mandibulaires et les différents morpho-types (insuffisance maxillaire, palais ogival, hyper divergence, malocclusion, béance). L’examen fibroscopique des voies aériennes supérieures est systématique et permet de vérifier les fosses nasales, le cavum et d’éliminer une éventuelle lésion obstructive. Les examens paracliniques sont essentiellement constitués par la polygraphie, qui doit bien évidemment être réalisée pour le ronfleur somnolent, mais également pour le ronfleur non somnolent sans facteurs de risque, car on apprécie l’oxygénation nocturne. On objective un syndrome subjectif, on analyse le ronflement et cela peut avoir une valeur médicolégale et un suivi à long terme. L’endoscopie du sommeil permet d’apprécier la localisation de l’obstruction et d’effectuer un test d’avancée mandibulaire. Cela a cependant un surcoût non négligeable avec le risque de l’anesthésie générale. Les autres options, comme les explorations acoustiques ou applications mobiles ne sont pas fiables ou suffisantes.
Le ronflement simple peut évoluer vers un syndrome d’apnée du sommeil puisque les vibrations peuvent induire de l’inflammation pharyngée, de l’inflammation sur les parois carotidiennes et entraîner des sténoses carotidiennes ainsi qu’une insuffisance ventriculaire gauche. Il semble d’ailleurs exister une relation entre le ronflement et l’accident vasculaire cérébral. Le ronflement fait également augmenter la pression artérielle matinale et non la pression artérielle vespérale. Enfin, cela provoque des troubles du comportement chez l’enfant.
Sur le plan thérapeutique, il faut privilégier le traitement étiologique lorsque cela est possible : corriger un éventuel surpoids, limiter l’alcool et le tabac, traiter l’obstruction nasale. Le traitement positionnel peut être efficace, mais on sait qu’il est peu suivi à long terme : 30 % des patients poursuivent à six mois leur traitement positionnel (balle de tennis, vibrateur, Pasuldo, Ronfless, Somnibel, etc.). On peut faire de la rééducation myofaciale en agissant sur le muscle génio-glosse, traiter le voile par radiofréquence. L’orthèse avancée mandibulaire trouve également son intérêt.
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