Quentin LISAN, ORL, hôpital Foch, Suresnes
MÉTHODES
Tous les articles étudiant l’effet de la réhabilitation auditive sur la cognition et la démence ont été inclus. Les études devaient comporter un groupe traité (patients ayant une hypoacousie et avec une réhabilitation auditive par audioprothèse ou implant cochléaire) et un groupe non traité (hypoacousie sans réhabilitation). Le critère de jugement était un diagnostic de démence ou de déclin cognitif, mesuré par le MMSE ou d’autres tests.
RÉSULTATS
À partir de 3 243 articles, 31 ont été inclus dans la revue systématique et 19 ont pu être utilisés dans diverses méta-analyses.
Concernant l’association longitudinale entre déficit auditif et déclin auditif, seules 8 études ont été retrouvées, ayant un suivi compris entre 2 et 25 ans. Cela représentait plus de 126 000 sujets. La réhabilitation auditive était exclusivement représentée par les audioprothèses (pas d’implant cochléaire dans cette analyse). Les utilisateurs d’audioprothèses avaient un risque de déclin cognitif diminué de 19 % par rapport aux sujets malentendants non réhabilités (hazard ratio poolé 0,81 ; IC95 % :0,76-0,87).
Concernant l’association entre la restauration auditive et l’amélioration des scores cognitifs à court terme, 11 études ont pu être incluses. Elles représentaient plus de 500 sujets, avec un suivi compris entre 3 mois et 1 an. Après réhabilitation, il était retrouvé une amélioration de 3 % aux scores cognitifs. Ces résultats étaient significatifs pour le sous-groupe de patients ayant bénéficié d’un implant cochléaire, mais pas pour ceux ayant une audioprothèse. Parmi les 12 études incluses dans la revue systématique, mais n’ayant pas pu être incluses dans la méta-analyse, 9 allaient dans le sens des résultats de la méta-analyse et 3 étaient en contradiction avec ceux-ci.
CONCLUSION
Il s’agit de la première méta-analyse sur le sujet, suggérant fortement un effet bénéfique de la réhabilitation auditive sur la fonction cognitive. Plusieurs hypothèses existent pour expliquer l’as- sociation entre déficit auditif et déclin cognitif, telles que l’isolement social engendré par l’hypoacousie (isolement lui- même associé à la démence) ou l’hypothèse de la charge cognitive (le sujet malentendant devant mobiliser d’importantes ressources cognitives pour décrypter le message sonore, au détriment des fonctions exécutives et autres tâches cognitives).
Bien que l’amélioration à court terme sur les scores cognitifs soit modeste (amélioration de 3 %), la réhabilitation auditive (audio-prothèse ou implant cochléaire) est associée à une diminution de 19 % du risque de déclin cognitif ou démence.