Publié le 25 avr 2024Lecture 3 min
« LA » pollution n’existe pas, il n’y a que « DES » pollutions
Colas TCHÉRAKIAN, Hôpital Foch, Suresnes
La pollution est-elle un problème de santé publique ou une arme politique qu’on nous brandit pour nous faire peur et faire passer des intérêts politiques ou économiques ? À l’éco-anxiété on rajoute la « pollutiophobie » : 40 000 morts prématurés en France et 4 millions dans le monde. L’éco-anxiété, ce n’est pas qu’un mot, c’est une réalité pour la jeunesse actuelle, avec 70 % de nos jeunes qui se sentent en danger et stressés par les problèmes de climat et d’environnement.
Les pics de pollution se combinent aux allergènes à l’origine des « polluènes », amplifiant la réaction inflammatoire. L’aggravation des maladies des voies respiratoires et même leurs genèses par la pollution est reconnue (300 000 nouveaux cas d’asthme en Europe par an, imputables à la pollution). Cette part imputable a d’ailleurs été reconnue juridiquement pour la première fois. De fait, deux familles ont fait condamner l’État pour son inaction à endiguer les pics de pollution, associés à aggravation des pathologies (bronchiolite, otites) chez leurs enfants. Le dédommagement fut faible (un peu plus de 2 000 €) mais le message est fort ! D’ailleurs, l’État a été de nouveau sanctionné par le Conseil d’État en octobre 2022 (pour une amende record de 20 millions cette fois) pour n’avoir toujours pas ramené les niveaux de pollution au-dessous des seuils réglementaires sur l’ensemble du territoire. Mais attention, à vouloir laver plus vert que vert il devient difficile de se repérer dans la jungle des chiffres. Les morts de la pollution comprennent les décès dans des pays où « la » pollution comprend des expositions (fumées de cuisson au bois par exemple) qui sont plus importantes ou différentes de nos problématiques. L’autre problème c’est que ces chiffres reposent sur de l’épidémiologie et des statistiques et sont impossibles à vérifier pour le non-initié. Cela étant, pour la première fois une mécanistique de la pollution sur le cancer du poumon du non-fumeur a été démontrée en 2003, donnant du poids à la causalité de la pollution dans sa toxicité et explique pourquoi aujourd’hui 20 % des cancers du poumon apparaissent chez le non-fumeur, ce qui n’existait pas il y a 20 ans.
Pour finir sur les paradoxes, le fait d’avoir diminué la pollution a entraîné… une aggravation du réchauffement climatique (la pollution prévient l’entrée des infrarouges solaires, tandis que les gaz à effet de serre empêchent leur sortie).
Mais surtout, pendant que les gens regardent la pollution extérieure ils se détournent de choses élémentaires : le tabac, l’utilisation de sprays ménagers, les bougies parfumées, les huiles essentielles, bref tout ce qui produit odeur et/ou fumée. Nombre de patients me disent être malades de la pollution alors qu’ils fument un paquet par jour. Certes la combinaison n’est pas bonne, mais dans un cas il y a une pollution maîtrisable !
La bonne nouvelle, c’est que pour s’y retrouver la SPLF a rassemblé un groupe d’experts sur le sujet pollution, chargé de vous apporter des informations « fiables ».
On ne pourra d’ailleurs pas avancer sur le problème de « la » pollution sans parler « des » pollutions, car regrouper toute la pollution sous un seul mot n’a pas de sens…
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :