Publié le 05 nov 2024Lecture 3 min
Vaccination antiasthmatique : des données précliniques prometteuses
Catherine FABER, d’après la communication de Laurent Guilleminault, Toulouse, session conjointe ERS/SPLF - ERS 2024
Dans l’état actuel des connaissances sur les gènes impliqués dans l’asthme, la perspective d’une vaccination génique contre cette maladie parait lointaine. En revanche, les résultats des travaux en cours sur un vaccin non génique ciblant directement l’inflammation dans l’asthme allergique* pourraient justifier le lancement d’études cliniques dans les années à venir.
On connaît bien le rôle majeur de l’inflammation T2 dans la physiopathologie de l’asthme, avec la production de cytokines notamment d’interleukines 4 (IL-4), 13 (IL-13) et 5 (IL-5)(1). Sa mise en évidence a été à l’origine du développement des biothérapies qui ont révolutionné la prise en charge de l’asthme, mais nécessitent des injections répétées. D’où l’idée de développer un vaccin dirigé contre l’IL-4 et l’IL-13 qui n’aurait pas cet inconvénient. Les vaccins conjugués dénommés kinoïdes ont été obtenus par la combinaison d’une protéine immunogène, la CRM197 (Cross-Reacting Material 197), qui est une forme mutée non pathogène de la toxine diphtérique, et des cytokines IL-4 et IL-13 recombinantes(2). L’hypothèse est qu’en réduisant les principales caractéristiques de l’asthme de type 2, la vaccination serait capable d’induire une protection à long terme.
Le vaccin est en cours de développement préclinique sur des modèles murins. Le potentiel immunogène des kinoïdes IL-4 et IL-13 a été démontré dans de premiers travaux expérimentaux. La vaccination administrée par voie intramusculaire à des souris BALB/c a effectivement entrainé une production endogène d’anticorps polyclonaux de type IgG dirigés contre les deux cytokines(2). Il a ensuite été montré que les vaccins induisent une réponse anticorps neutralisante efficace et durable contre l’IL-4 et l’IL-13(3). Les recherches se sont poursuivies sur un modèle murin d’asthme aux acariens. Une forte réduction des taux d’IgE totales et spécifiques a été observée chez les souris vaccinées. Cet effet est plus marqué avec le vaccin IL-4 qu’avec le vaccin IL-13. Les kinoïdes inhibent également le recrutement de granulocytes éosinophiles dans les voies aériennes. Sur ce paramètre, le vaccin combiné ciblant à la fois l’IL-4 et l’IL-13 s’est révélé supérieur aux kinoïdes IL-4 et IL-13. Enfin, les effets sur l’inflammation bronchique et sur l’hyperréactivité bronchique sont beaucoup plus importants avec le kinoïde IL-13 et le vaccin combiné qu’avec le kinoïde IL-4.
Les résultats de ces études précliniques démontrent l’efficacité des protocoles de vaccination prophylactique et thérapeutique. Ils ont conduit les chercheurs à tester la vaccination combinée avec les kinoïdes IL-4 et IL-13 dans un modèle murin humanisé(4). Ce sont des souris chez lesquelles les gènes codant pour les cytokines murines IL-4 et IL-13 ont été remplacés par les gènes humains codant les mêmes cytokines. Les résultats sont similaires à ceux obtenus dans les études précédentes avec l’effet sur la résistance et l’élastance pulmonaires, et sur les taux d’IgE totales et d’IgE spécifiques. Les études de toxicité chez le singe sont en cours. Si leurs résultats sont probants, on peut raisonnablement espérer pouvoir débuter les études cliniques du candidat vaccin kinoïde IL-4/IL-13 dans un avenir proche.
*Travaux menés par des chercheurs toulousains (laboratoire INFINITy [Institut toulousain des maladies infectieuses et inflammatoires], Inserm UMR1291, CNRS UMR5051) en partenariat avec l’Institut Pasteur et l’entreprise française NEOVACS.
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