Publié le 13 jan 2009Lecture 5 min
Les bénéfices du sevrage tabagique. Un entretien avec le Dr Xavier Quantin
Si le médecin se doit d’inciter ses patients fumeurs à se sevrer, il n’a pas toujours le temps de conduire une consultation de tabacologie. Aussi, son intervention peut consister à donner un conseil minimal, à fournir les coordonnées de Tabac Info Service (0 825 309 310), mais également de motiver ses patients, entre autres, en leur montrant les bénéfices que ce sevrage peut leur apporter. C’est ce dernier point que nous avons évoqué avec le Dr Xavier Quantin, pneumologue (Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier).
Quels sont les bénéfices à court terme d’un sevrage tabagique ? Xavier Quantin : Il est clair que le sevrage induit avant tout, chez un fumeur régulier, au minimum une sensation de frustration, voire un véritable syndrome de sevrage qu’il sera nécessaire de dépasser. Aussi, est-il utile de lui indiquer les avantages immédiats qu’il aura à abandonner la cigarette. Tout d’abord, quelques dizaines de minutes après la dernière cigarette, la fréquence cardiaque et la pression artérielle diminuent. Le taux de monoxyde de carbone expiré chute. En l’occurrence cette mesure est démonstrative et très motivante pour les fumeurs. En 24 heures, la nicotine et le monoxyde carbone sont éliminés et le risque d’infarctus commence à diminuer. Il s’agit là, certes, de bénéfices qui n’ont pas une expression clinique ressentie par les patients, mais qu’il est utile de signaler. En revanche, le fumeur observe très rapidement une amélioration du goût et de l’odorat – qui concerne également les mauvaises odeurs – même si, parfois, cette amélioration n’apparaît que progressivement. Ce bénéfice est d’autant plus appréciable qu’il s’accompagne d’une meilleure haleine, d’une réduction de l’imprégnation tabagique des cheveux, des vêtements, de l’appartement… autant d’éléments que son entourage lui fera remarquer favorablement et qui contribueront à sa motivation. Au bout de 3 à 4 jours, les mucosités bronchiques s’éliminent, la respiration est plus aisée. Et à plus long terme ? X. Quantin : Une fois passés les premiers jours de sevrage, il faut tout d’abord conforter chez cet ex-fumeur l’estime qu’il a de lui-même pour avoir franchi cette étape. Ensuite, on peut lui annoncer que, dans les semaines qui suivront, il verra sa toux et son expectoration se réduire notablement. Cependant, on observe souvent, pendant une période limitée, une majoration de ces symptômes que l’on explique par une remise en route du tapis mucociliaire. En informer le patient peut permettre de prévenir, sur ce plan, le sentiment d’inefficacité relative du sevrage tabagique. Au bout de quelques semaines, la qualité du sommeil s’améliore, le ronflement diminue, la fatigue s’atténue, l’essoufflement à l’effort est moindre, la voix devient moins rocailleuse, le teint s’éclaircit, les dents apparaissent plus blanches. Par ailleurs, un fumeur informé de « l’âge de ses bronches », à la suite de la mesure du VEMS, a deux fois plus de chances de s’arrêter de fumer qu’un fumeur qui a subi un VEMS sans autre information. À ce stade, il est intéressant de noter que l’arrêt du tabac peut amener à réduire notablement les doses de corticoïdes inhalés chez les patients asthmatiques. Pour les patients BPCO, une fois énumérés tous ces bénéfices, il est utile de leur dire que, même si l’arrêt du tabac ne va pas transformer leur fonction respiratoire, cela va retarder considérablement le déclin du VEMS et leur permettre de garder plus longtemps une bonne qualité de vie, voire de retarder significativement le moment de passer à l’oxygénothérapie. Enfin, deux mois d’abstinence avant une intervention chirurgicale réduisent le risque d’infection respiratoire, permettent une meilleure cicatrisation et diminuent la durée d’hospitalisation. Au-delà des bénéfices ressentis, ce sont les risques pathologiques qui diminuent… X. Quantin : Il est vrai qu’au fur et à mesure du temps qui s’écoule sans tabac, après l’arrêt du tabac, les risques cardiovasculaires, respiratoires et cancérologiques diminuent au fil du temps. Il s’agit de bénéfices à plus long terme auxquels certains fumeurs ne sont pas sensibles, particulièrement les plus jeunes. Mais il n’est pas inutile de rappeler que si l’on fumait un paquet de cigarettes par jour, au bout d’un an de sevrage, le risque cardiovasculaire diminue de moitié et… que l’on économise environ 1 800 euros. Il faut, par ailleurs, attendre 5 ans pour voir diminuer de moitié le risque d’accident vasculaire cérébral et de cancer du poumon. Et c’est seulement après 10 à 15ans d’abstinence que l’espérance de vie rejoint celle d’un non-fumeur. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que la prévention secondaire est efficace puisque après un infarctus, le sevrage tabagique permet de diminuer de moitié le risque de récidive ou de décès dans un délai de 1 à 3ans, selon les auteurs. Ensuite, les informations complémentaires que l’on pourra délivrer sur ce plan seront fonction du type de patients : bénéfices en termes de dysfonction érectile, de fécondité, d’optimisation de la croissance foetale… Enfin, il faut rappeler qu’arrêter de fumer, quel que soit l’âge, augmente l’espérance de vie. Propos recueillis par G. Gertner
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