Asthme
Publié le 14 jan 2016Lecture 7 min
L'asthme et la cure thermale
M. FOURON-BOUZON, La Bourboule
Les indications thermales, affections respiratoires chroniques dont l’asthme, représentent 8,2 % de la cause de fréquentation totale annuelle des curistes. Les recherches réalisées depuis fort longtemps par les différents instituts ont pu mettre principalement en évidence des effets immunostimulants et anti-inflammatoires in vitro et in vivo, ce qui expliquerait les bons résultats obtenus. Cependant, si l’efficacité globale, après une ou plusieurs cures, n’est plus à prouver, en particulier grâce à des études médico-économiques, la preuve scientifique de l’efficacité réelle de la cure thermale dans l’asthme reste encore à démontrer. L’éducation thérapeutique, bien développée dans la plupart des stations thermales, reste un atout supplémentaire de réussite.
Que vient faire la crénothérapie, médecine reconnue curative et préventive, dans un schéma thérapeutique bien rodé, bien codifié et accepté internationalement. Quel peut être son intérêt ? Quel peut être le service médical rendu ?
Les différentes eaux thermo-minérales utilisées dans l’asthme
L’utilisation des sources en France est soumise à une législation qui comporte une procédure d’autorisation d’exploitation et une protection du gisement thermal et de la qualité des produits thermaux. Tous ces contrôles techniques, physicochimiques et bactériologiques au niveau du captage, du stockage, de la distribution et des postes de soins ont été renforcés par le décret du 19 juin 2000. Trente-neuf stations thermales réparties sur tout l’hexagone sont agréées dans l’orientation « voies respiratoires » en raison des propriétés de leurs eaux. Les stations des Alpes et des Pyrénées, mais surtout celles du Massif central ont l’indication « asthme ».
• Dans les stations des Alpes et des Pyrénées, l’action fluidifiante et eutrophique des eaux sulfurées, sodiques ou calciques et leurs propriétés antiseptiques sont bien connues.
• Dans le Massif central, les eaux sont chloro-bicarbonatées sodiques, d’origine profonde, avec dégagement de gaz carbonique. Leur minéralisation particulière, comportant de l’arsenic et de la silice, semble leur conférer une action spécifique dans le traitement des affections allergiques.
Les procédés utilisés et les progrès de la technologie thermale
La crénothérapie ou cure thermale respiratoire est dite de contact, fondée en grande partie sur l’aérosolthérapie. Les connaissances acquises sur la distribution granulométrique des différents aérosols, la déposition et l’impaction des particules inhalées au niveau des cavités du rhinopharynx et de l’arbre bronchique ont permis d’améliorer les générateurs d’aérosols et ainsi d’optimiser les traitements. Pénétration, diffusion et fixation au niveau des muqueuses des substances présumées actives ont été étudiées, de même que la concentration sanguine et la fixation tissulaire qui sont fonction du mode d’administration
Les pratiques thermales ont pour but la mise en contact et la pénétration des principes actifs de l’eau thermale au niveau de la muqueuse après s’être assuré de la bonne perméabilité des voies aériennes supérieures. Les procédés utilisés en médecine thermale sont des techniques de détersion-lavage et des techniques inhalatoires, individuelles ou collectives. Avec les services de la Cnamts (Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés), la nomenclature en 25 codes, appliquée depuis 1997, définit chaque soin thermal « en précisant sa durée minimale, la qualification du personnel qui l’applique, le matériel utilisé et les orientations thérapeutiques dans lesquelles il est employé ».
Quels résultats pour les cures thermales ?
La mise en évidence des propriétés spécifiques des eaux, de leur mode d’action a permis d’en préciser les indications, les contre-indications ou les non-indications. Les eaux minérales, qu’elles soient sulfurées ou chloro-bicarbonatées, ont donné lieu à de nombreux travaux de recherche expérimentale tant chez l’animal que chez l’homme, en particulier sur les mécanismes d’action du produit thermal, sous l’impulsion des instituts de recherche régionaux, associés à des équipes hospitalo-universitaires et pluridisciplinaires.
L’hypothèse d’un mode d’action en faveur d’une meilleure oxygénation des tissus et d’une amélioration des défenses immunitaires est privilégiée. Des propriétés antiradicalaires ont été mises en évidence sur culture de cellules humaines pour les eaux thermales de La Bourboule. Le dosage du NO buccal et nasal, avant et après la cure, avec comparaison témoin, a conforté l’action anti-inflammatoire de ces eaux thermales.
Plusieurs essais thérapeutiques contrôlés n’ont pas abouti en raison de problèmes éthiques, financiers, de difficultés méthodologiques, le nombre de patients se révélant insuffisant pour une interprétation statistique significative. Les enquêtes épidémiologiques et les études médicoéconomiques se heurtent toujours à de grandes difficultés de mise en place et de crédits. Rappelons, cependant, que l’étude menée par la Cnam (Caisse nationale de l’Assurance maladie) a confirmé le bénéfice obtenu chez l’enfant par la crénothérapie des voies respiratoires, avec des résultats jugés bons et très bons à 70 %.
La cure thermale et ses soins
La prescription des soins des voies respiratoires, au nombre de 6 séances par jour, est personnalisée, adaptée en fonction de l’âge, modulée dans la durée et surtout expliquée aux patients. De la réalisation correcte des soins dans l’établissement thermal dépendra en grande partie la réussite du traitement.
• Certains soins visant à désobstruer les fosses nasales, nettoyer le pharynx et améliorer l’aération tubo-tympanique font appel à des techniques qui nécessitent la participation active du patient et contribuent à une meilleure hygiène de vie.
Le bain nasal, qui se fait à l’aide d’une pipette en verre ou en plastique d’un volume d’environ 10ml, l’irrigation nasale sous pression contrôlée, le gargarisme, la douche nasale gazeuse, les aérosols soniques, manosoniques permettent chez l’enfant, comme chez l’adulte d’ailleurs, un apprentissage des règles d’hygiène simples mais efficaces: l’abandon des tics et des habitudes de reniflement, l’apprentissage d’un mouchage correct, des techniques d’autoinsufflation (combinaison de la manoeuvre de Valsalva).
• À cette action mécanique s’ajoute une action pharmacologique. Les techniques de pulvérisations nasales et pharyngées, les humages, les aérosols, les inhalations chaudes collectives, les «brouillards» sont aussi des outils pour une prise de conscience par le patient de la relation corps-santé, d’où l’importance d’un personnel thermal soignant bien formé.
Quels sont les bénéfices que l’on peut attendre d’une cure thermale ? Quelle est son utilité ?
Les résultats constatés habituellement sont une amélioration de l’état de santé du patient à court et à moyen terme, avec un espacement et une diminution des crises en durée et en intensité, une réduction du nombre des hospitalisations et des consultations d’urgence, une meilleure observance du traitement prescrit et une réduction des dépenses de santé. Une amélioration de la qualité de vie aussi, due à une meilleure connaissance de la maladie asthmatique : qualité de vie qui se traduira par une meilleure insertion familiale, scolaire ou professionnelle. Le suivi médical au retour de la cure, sa reconduction l’année suivante renforceront les résultats acquis.
L’éducation thérapeutique du patient
Dans ce parcours de soins, dans cette démarche thérapeutique, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) inscrite dans les nouvelles orientations de la politique de santé, a sa légitimité et toute sa place. L’examen clinique, la mesure du souffle sont l’occasion de rappeler et d’expliquer des principes d’hygiène simple comme savoir « moucher, tousser, cracher, respirer » et utiliser correctement un aérosol. La consultation va permettre également d’évaluer la connaissance du patient sur sa maladie et son traitement, de vérifier la bonne observance du traitement de fond prescrit, de mieux connaître l’environnement familial, les facteurs de risque, le retentissement de la maladie sur les activités scolaires et sportives, et d’établir un diagnostic éducatif.
Les ateliers, les modalités et les activités éducatives sont plurielles mais les objectifs sont identiques : dispenser une pédagogie interactive et adaptée à chaque patient quel que soit son âge, à distance du suivi médical strict, en mettant à sa disposition des outils et moyens pour mieux appréhender la maladie asthmatique, les répercussions sur la vie de tous les jours et les mesures de prévention à mettre en œuvre pour devenir acteur de sa santé.
Conclusion
L’intérêt de la crénothérapie en pathologie respiratoire tient essentiellement à la qualité des eaux thermo-minérales, à leur spécificité et aux techniques thermales. Situées généralement en moyenne montagne, les stations bénéficient d’un bon ensoleillement, d’une humidité faible et d’une moindre pollution atmosphérique. La cure thermale, prescrite au bon endroit, au bon moment, à bon escient et suivie correctement permet de modifier le terrain, de stimuler et renforcer les défenses immunitaires.
Les facteurs climatiques et environnementaux et l’éducation thérapeutique interviennent également dans la réussite d’une cure thermale. En effet, si le séjour en cure thermale implique l’éloignement du milieu habituel et du contexte familial, il favorise les échanges, l’information et la prise en charge personnelle.
Le choix de la station thermale nécessite pour le praticien une bonne connaissance des stations, particulièrement quand il s’agit de l’enfant ou de la personne âgée. Il devra tenir compte de l’intrication possible de facteurs allergiques et infectieux de l a pathologie dominante, de la situation géographique, de l’équipement thermal, des structures et des infrastructures d’accueil.
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