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Allergologie

Publié le 30 mar 2020Lecture 6 min

Télémédecine et technologies émergentes pour soins de santé en allergie/immunologie

Habib CHABANE, Paris

Portnoy JM et al. Telemedicine and emerging technologies for health care in allergy/immunology. J Allergy Clin Immunol 2020 ; 145 : 445-54.

La télémédecine (TM) est définie par l’utilisation des télécommunications et des technologies de l’information pour donner accès à l’évaluation de la santé, au diagnostic, à l’intervention, à la consultation, à la supervision et à l’information à distance. La TM s’est rapidement popularisée dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, permettant au patient un accès plus facile aux services médicaux. Elle est considérée comme une alternative plus rentable que la consultation physique dans la mesure où elle permet de lever deux obstacles majeurs auxquels les patients sont confrontés lors de la recherche de soins de santé : la suppression de la distance et le gain de temps. En plus des visites virtuelles (téléconsultations) utilisant TM, il y a de plus en plus de technologies pertinentes pour la pratique en immuno-allergologie, y compris la tenue de journaux électroniques et les applications smartphone pour l’évaluation régulière des symptômes et l’utilisation de médicaments, les technologies e-santé pour la surveillance de l’activité physique et les paramètres vitaux, ou la surveillance à distance des expositions environnementales (polluants, allergènes). La TM devrait permettre de tirer davantage de profits des dossiers médicaux partagés et surtout l’aide à la décision clinique grâce aux algorithmes de l’intelligence artificielle appliquée à la médecine. Les prérequis pour une TM de qualité est d’avoir une plateforme adaptée et conforme aux exigences réglementaires pour permettre la confidentialité des échanges, une connexion internet avec un débit suffisant, un matériel informatique équipé de webcam, une prise de rendez-vous en ligne ou par le secrétariat indiquant la possibilité de téléconsultation. La téléconsultation permet de pratiquer un acte médical à distance dit synchrone, lorsque le patient et le médecin sont en ligne simultanément. La TM inclut les actes dit asynchrones, lorsque le patient adresse au médecin des résultats, des images, la description d’un fait clinique, ou des questions pour lesquels le médecin téléconsultant renvoie en différé un avis ou une prescription. Les auteurs de cet article pensent que l’utilisation de la TM, en particulier lorsqu’elle est associée à des technologies de l’information telles que les dossiers de santé électroniques, peut entraîner un changement transformationnel dans la façon dont les soins sont dispensés en modifiant le processus d’interaction entre le patient et le soignant(1). De plus, la TM répond à la pénurie de spécialistes compétents en allergologie dans les communautés rurales et urbaines sous-dotées en facilitant l’accès à ces spécialistes. Elle diminuera sans doute le recours aux consultations non programmées et visites aux urgences de nombreux patients comme cela a été montré par une enquête auprès de 24 040 patients et 277 médecins généralistes(2). La TM pourrait permettre de réduire le manque à gagner des médecins qui doivent faire face quotidiennement aux rendez-vous médicaux non honorés par les patients, en grande partie liés aux contraintes de déplacement. Selon ces auteurs, la TM serait aussi efficace que la consultation physique pour le suivi ambulatoire de l’asthme, et serait un moyen plus pratique pour la consultation de suivi du patient après une hospitalisation(1). Les patients ont tendance à être aussi satisfaits de la TM (95 % de satisfaction selon une étude rapportée dans cet article), voire préfèrent la TM à la consultation physique dans certains cas. En France et dans les départements ou régions d’outre-mer, la TM est reconnue comme une pratique médicale effectuée par un médecin à distance en mobilisant des technologies de l’information et de la communication dans des actes synchrones uniquement (présence simultanée du patient et du médecin téléconsultant). Tout médecin, quels que soient sa spécialité et son secteur d’exercice, peut proposer à ses patients, s’il le juge adapté, de réaliser une téléconsultation. Le patient peut être assisté ou non par un autre professionnel de santé (médecin, infirmier, pharmacien) si son état le nécessite. L’acte de TM peut avoir lieu depuis son domicile ou depuis un lieu dédié équipé (hôpital, maison de santé pluriprofessionnelle, pharmacie équipée d’une cabine ou d’un chariot de téléconsultation) L’Assurance maladie (AM) rembourse les actes de téléconsultation depuis le 15/09/2018 et les actes de téléexpertise depuis le 10/02/2019*. Cette dernière, permet à un médecin de solliciter l’avis d’un confrère face à une situation médicale particulière. Ouverte dans un premier temps à certaines catégories de situations, elle pourrait s’élargir d’ici fin 2020 à tous les patients. À l’issue de la téléconsultation, le médecin peut établir, si nécessaire, une prescription (médicaments, examens complémentaires), qui sera transmise au patient sous format papier (par voie postale), ou sous format électronique, via notamment une messagerie sécurisée. Les prescriptions de médicaments, d’actes paramédicaux et les explorations complémentaires sont prises en charge par l’AM. Le compterendu de la téléconsultation peut être archivé dans le dossier médical partagé du patient ou adressé au médecin traitant si l’acte est pratiqué par un médecin d’une autre spécialité. La téléconsultation s’inscrit dans le cadre du parcours de soins coordonné, lorsque le patient doit recourir à un médecin spécialiste. Il est nécessaire que le médecin dit « médecin téléconsultant » connaisse le patient, ce qui implique que le patient ait eu au moins une consultation physique avec ce médecin (cabinet médical, domicile patient ou établissement de santé) au cours des 12 derniers mois précédant la téléconsultation. Des exceptions à cette règle permettent le recours à une téléconsultation pour l’accès aux spécialistes en accès direct (gynécologie, ophtalmologie, stomatologie, chirurgie orale ou en chirurgie maxillo-faciale, psychiatrie ou neuropsychiatrie et pédiatrie); les patients âgés de moins de 16 ans ; une situation d’urgence ; ou lorsque le patient n’a pas déclaré de médecin traitant ou dont le médecin traitant est indisponible dans un délai compatible avec son état de santé. Dans ce cas, il peut être fait exception au parcours de soins et à l’obligation de connaissance préalable du patient par le médecin pratiquant la téléconsultation. Le patient doit pour cela se rapprocher d’une organisation territoriale organisée avec des médecins volontaires, pour leur permettre d’être pris en charge rapidement compte tenu de leurs besoins en soins et de l’éloignement du spécialiste. En France, de plus en plus d’allergologues proposent la téléconsultation mais leur nombre exact n’est pas connu. À mesure que les patients prennent davantage le contrôle de leurs soins de santé, le recours à la TM est susceptible d’augmenter car une grande partie de la décision d’opter pour la TM est motivée par la préférence des patients. La TM pourrait réduire les coûts des soins de santé, diminuer l’épuisement des professionnels de santé lié à la longue durée de travail présentiel hebdomadaire, une rémunération de certains actes asynchrones non comptabilisés dans l’activité du praticien et une plus grande flexibilité dans la façon dont les patients sont vus. L’impact de la TM sur la santé publique et l’activité des soignants nécessite d’être évalué par des études comparatives avec la consultation physique.  *https://www.ameli.fr/paris/medecin/exercice-liberal/telemedecine

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