Publié le 24 avr 2020Lecture 3 min
Marcheurs, coureurs : gardez vos – grandes – distances !
La rédaction
Pour limiter la propagation du SARS-CoV-2, une des principales mesures consiste au respect des gestes barrières ainsi que le « social distancing » ou « distanciation sociale » ou « distance de sécurité » et bien sûr le confinement. Il a été montré que la propagation de ce type de virus peut se faire par la salive, souvent sous forme de microgouttelettes projetées dans l’air ambiant. Les personnes contacts peuvent être infectées en inhalant ces gouttelettes, ou en les mettant sur leurs mains, puis en touchant leur visage.
C’est pourquoi pendant la crise du COVID-19, cette distance de sécurité d'environ 1,5 m (1 m seulement en France, on ne sait pas trop pourquoi) entre chaque personne doit être respectée, ainsi que, si possible, le port d’un masque.
Cette distance a été définie pour des personnes immobiles se parlant ou faisant la queue au supermarché par exemple. Les effets aérodynamiques potentiels induits par le mouvement de la personne, tels que la marche rapide, courir ou faire du vélo n’ont pas été pris en compte. Or, avec la mise en place du confinement et l’autorisation de sortir une heure par jour pour une activité physique comme le jogging, beaucoup de personnes ont découvert ou redécouvert les bienfaits du jogging, parfois en groupe.
Une équipe de biophysiciens a modélisé le nuage de gouttelettes de salive d’une personne se déplaçant et ce en fonction de sa vitesse(1).
Cette étude a évalué si quelqu’un se rapprochant d'une personne en mouvement à 1,5 m de distance pouvait recevoir des gouttelettes, sans tenir de compte de facteurs extérieurs comme le vent ou les mouvements de tête par exemple. Les résultats sont impressionnants. Si vous êtes dans le sillage d’un marcheur rapide (4 km/h) la distance de sécurité est de 5 m et s’il s’agit d’un joggeur (14,4 km/h) cette distance est de 10 m ! Sinon le risque d’être dans un nuage de gouttelettes est important, et l’exposition augmente lorsque la distance diminue (figure 1).
Les solutions pour éviter les risques de contamination (figure 2) :
– courir ou marcher de front avec une distance de 1,5 m entre chaque coureur ;
– courir ou marcher derrière à une distance de 5 ou 10 m ;
– pour dépasser se décaler tôt (avant 5 ou 10 m) et puis se déplacer en quinconce.
Ceci est valable pour des cyclistes, probablement avec des distances plus importantes. Si on tient compte de ces résultats, la reprise des courses de masse n’est pas pour demain. Et si vos patients courent, ou si vous courez, un seul conseil gardez vos distances.
Figure 1. Contours de la vitesse de l'air dans le plan médian vertical lors d'une course à une distance de 4,5 m à 4 m/s. Figure issue de la référence 1.
Figure 2. Propagation des gouttelettes se propagent à une vitesse de 14,4 km/h lorsque les personnes courent les unes derrière les autres (a, b) ; (c) côte à côte ; (d) en quinconce. Figure issue de la référence 1.
O. C.
Le 19 avril 2020
Référence
1. Blocken B et al. Towards aerodynamically equivalent COVID-19 1.5 m social distancing for walking and running. Accessible en préprint http://www.urbanphysics.net/COVID19_Aero_Paper.pdf (consulté le 19/04/2020)
Avec le soutien institutionnel du laboratoire
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