Publié le 13 mai 2020Lecture 4 min
La météo peut-elle influencer la circulation du SARS-CoV-2 ?
La rédaction
Concernant le contrôle de l’épidémie de SARS-CoV-2, une question importante n’a pas encore trouvé de réponse. Le virus va-t-il disparaître — ou du moins sa présence va-t-elle diminuer — avec l’arrivée de l’été et de la chaleur ? Pour le moment, aucune étude n’a apporté de données suffisamment solides pour donner une réponse tranchée. En cette semaine de début de déconfinement, et avec la crainte d’une deuxième vague, cette question prend encore plus d’importance. Une étude chinoise nous donne quelques éléments de réflexion(1).
La saisonnalité des virus de la grippe est bien connue. Quant à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) apparue fin 2002 en Chine, elle avait presque entièrement disparue en juillet 2003(2,3) même si bien sûr la météo n’est pas la seule responsable.
Des données de laboratoire suggèrent que la température pourrait affecter la résistance du SARS-CoV-2 et donc freiner la pandémie actuelle de COVID-19(4). Une étude in vitro(5) a rapporté que le SARS-CoV-2 est très stable à 4°C mais sensible à la chaleur.
En revanche l'effet des paramètres météorologiques sur COVID-19 reste controversé(3,6,7).
Et l’expérience française du mois d’avril avec des températures assez élevées ne va pas dans le sens d’une fragilité du SARS-CoV-2 à la chaleur (étude purement observationnelle et personnelle sans réel fondement scientifique, plutôt à la mode actuellement).
L’étude de l’équipe chinoise de l’Université de Pékin(1) a évalué les effets de la température et de l'humidité relative sur les nouveaux cas quotidiens et les nouveaux décès quotidiens de COVID-19. Elle a utilisé les données recensées par l’OMS concernant les nouveaux cas et de nouveaux décès pour 166 pays (hors Chine) jusqu’au 27 mars 2020 depuis le début de l’épidémie (509 164 cas et 23 335 décès cumulés). Les données quotidiennes sur les conditions météorologiques, ont également été relevées. Ils ont utilisé un modèle mathématique (Log-linear) en intégrant les valeurs quotidiennes de température et d’humidité relevées dans la capitale de chaque pays. Ce modèle permettait également de prendre en compte des facteurs influençant les calculs : la vitesse du vent, l’âge médian de la population nationale, un index de sécurité sanitaire mondiale (index GHSI), un index reflétant le niveau de développement humain (index IDH) et la densité moyenne de la population.
Les résultats montrent qu’une augmentation de 1°C de la température serait associée à une baisse de 3,08 % (IC95 % : 1,53 %-4,63 %) des nouveaux cas quotidiens et de 1,19 % (IC95 % : 0,44%-1,95 %) des nouveaux décès. Concernant l’humidité relative, les conséquences sont moins flagrantes. Une augmentation de 1 % serait associée à une diminution de 0,85 % (IC95 % : 0,51 %-1,19 %) des nouveaux cas et à une diminution 0,51 % (IC95 % : 0,34 %-0,67 %) des décès.
Figure. Au 27 mars 2020, distribution des température moyennes avec le taux de croissance moyen des nouveaux cas quotidiens et des nouveaux décès quotidiens de COVID-19 à l'échelle mondiale. (Remarque : la température moyenne était la somme de la température moyenne quotidienne divisée par le nombre de jours observés) (d’après(1)).
Bien que ce travail présente plusieurs limites : valeurs relevées au niveau des capitales uniquement, nombre probablement sous-estimé de cas, mesures prises par les pays ; le modèle proposé semble solide et plutôt en faveur d’un effet positif la météo estivale (s’il fait chaud bien sûr) sur la circulation du virus. Le SARS-CoV-2 pourrait alors être classé parmi les virus ayant une saisonnalité et donc nous permettre de nous préparer à son retour l’hiver prochain.
D’ici là, et comme le soulignent les auteurs de l’étude, des mesures actives doivent être prises pour contrôler la pandémie, bloquer la transmission du virus et éviter une nouvelle propagation de COVID-19 (pour la Chine) et donc une deuxième vague en Europe.
O. C.
Le 7 mai 2020
Références
1. Wu Y et al. Effects of temperature and humidity on the daily new cases and new deaths of COVID-19 in 166 countries [published online ahead of print, 2020 Apr 28]. Sci Total Environ 2020 ; 729 : 139051. doi:10.1016/j.scitotenv.2020.139051
2. Tan J et al. An initial investigation of the association between the SARS outbreak and weather: with the view of the environmental temperature and its variation. J Epidemiol Community Health 2004 ; 59(3) : 186-92. https://doi.org/10.1136/jech.2004.020180
3. Ma Y et al. Effects of temperature variation and humidity on the death of COVID-19 in Wuhan, China. Sci Total Environ 2020 ; 724 : 138226. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.138226
4. Jon Brassey et al. Do weather conditions influence the transmission of the coronavirus (SARS-CoV-2)? Retrieved from. 2020. https://www.cebm.net/covid-19/do-weather-conditions-influence-the-transmission-of-the-coronavirus-sars-cov-2/
5. Chin AWH et al. Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions. Lancet Microbe 2020. https://doi.org/10.1016/S2666-5247(20)30003-3
6. Xie J, Zhu Y. Association between ambient temperature and COVID-19 infection in 122 cities from China. Sci Total Environ 2020 ; 724 : 138201. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.138201
7. Yao Y et al. No association of COVID-19 transmission with temperature or UV radiation in Chinese cities. Eur Respir J 2020. https://doi.org/10.1183/13993003.00517-2020.
Avec le soutien institutionnel du laboratoire
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