Publié le 12 jan 2021Lecture 3 min
Syndrome d’apnées du sommeil : quoi de neuf ?
Nathalie RAYMOND, Pôle d’exploration des apnées du sommeil, Somno-pôle, Clinique Bel Air, Bordeaux
Cette année, le nombre de publications sur le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) a encore augmenté. Il est difficile d’aborder tous les sujets. Cependant, quelques thèmes méritent une attention particulière.
IMPLICATION DU SYNDROME D’APNÉES DU SOMMEIL DANS LA SURVENUE DES CANCERS
Les conséquences cardiovasculaires et métaboliques du SAOS sont largement connues. Cette année, il y a eu plusieurs études qui le relient au cancer. Une étude de cohorte française(1) montre que l’hypoxémie nocturne (T90%) représente un facteur de risque de cancer (figure 1), surtout si les sujets ne sont pas traités (figure 2).
Cette association n’est pas mise en évidence avec l’index apnées-hypopnées ni avec les index de désaturations. L’obésité, fréquente chez les patients apnéiques hypoxémiques, est un facteur aggravant pour la survenue de cancer. L’hypoxémie, au niveau du tissu adipeux, est responsable de modifications structurelles et inflammatoires induisant les cancers(2).
Ce phénomène ne concerne peut-être pas tous les types de cancer. Le cancer pulmonaire est cité dans plusieurs études comme étant sensible à l’hypoxémie(1,2).
TÉLÉMÉDECINE DANS LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS SOUS PRESSION POSITIVE CONTINUE (PPC)
L’actualité s’est aussi portée sur la télémédecine et la médecine connectée, en plein essor.
Le traitement par PPC, qui est le principal traitement du SAOS, se prête particulièrement bien à la médecine connectée.
Le télé-suivi laisse progressivement la place à la télémédecine. Il ne s’agit plus simplement de suivre les données d’observance des patients mais d’interagir avec le patient afin d’améliorer son observance au traitement. Une métaanalyse récente sur l’efficacité de la e-santé(3) montre qu’elle peut améliorer le traitement dans les premiers mois en augmentant l’observance de 30 minutes. Cela permet de détecter les problèmes plus rapidement et de donner une réponse appropriée à distance.
L’accès aux données journalières de traitement par le patient semble aussi favoriser son observance. La télémédecine devrait également permettre de réduire les coûts de prise en charge avec moins de déplacements pour les techniciens et moins de consultations présentielles.
Les différentes études publiées sont courtes (quelques mois). Il faudra plus de données sur l’efficacité à long terme de la e-santé. La e-santé génère des bases de données dont l’analyse permettra de définir des profils de patients (phénotypes) et devrait permettre d’adapter la prise en charge.
CONSÉQUENCES DE L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19 SUR LES PATIENTS TRAITÉS POUR UN SAOS
Une étude française s’est intéressée à l’impact de la Covid-19 sur 14 000 patients traités par PPC, durant le premier confinement(5).
Les patients ont poursuivi leur PPC dans la grande majorité des cas (96 %). Ils ont gardé la même durée d’utilisation (86 %). D’autres études ont même montré une amélioration légère de l’observance pendant le 1er confinement. Ceci peut être lié aux changements d’habitudes de sommeil durant le confinement (coucher et lever plus tardifs, plus de temps passé au lit). Les patients ont exprimé un besoin d’accompagnement et d’information renforcés qu’ils estiment n’avoir trouvé que dans 15,2 % des cas. D’ailleurs, 20 % seulement des patients sous PPC, ne dormant pas seuls, ont changé de chambre lorsqu’ils ont été infectés par le SARS-CoV-2, ce qui tend à montrer un défaut d’information sur la diffusion du virus majorée la nuit sous PPC à cause des débits d’air importants.
Les patients sous PPC qui ont rapporté une infection à SARS-CoV-2 ne déclarent pas de complications accrues, ce qui rejoint les informations données par la SFRMS. Cette étude a conclu à une augmentation du risque de complications en cas de Covid-19 (hospitalisation et insuffisance respiratoire) chez les patients affectés d’un SAOS (après ajustement avec l’obésité, le diabète et l’HTA). Cependant, il n’y a pas d’information sur le traitement ou non du SAOS chez ces patients.
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