Inhalation d’anticorps thérapeutiques dans le traitement des maladies respiratoires

LES ANTICORPS, DES PARTENAIRES IMPORTANTS DANS L’ARSENAL THÉRAPEUTIQUE Les anticorps thérapeutiques (Ac) ont révolutionné la prise en charge d’un grand nombre de pathologies, notamment cancéreuses. Ces protéines, dérivées des Ac naturellement produits par notre système immunitaire, ont la capacité de reconnaître avec une grande affinité et avidité un antigène pathologique. Ils présentent un rapport bénéfice/risque très favorable ainsi qu’une demi-vie très longue comparativement aux petites molécules chimiques. L’utilisation des différents mécanismes d’action des Ac ouvre de nouvelles perspectives pour augmenter encore leur efficacité. Ainsi, les Ac et plus largement les biothérapies sont une classe médicamenteuse en plein essor et qui prennent une place importante dans l’arsenal thérapeutique avec près de 150 molécules approuvées ou en cours d’examen.   L’INHALATION AMÉLIORE L’EFFICACITÉ DES AC... À l’heure actuelle, la grande majorité des Ac sont administrés par voie intraveineuse. Or, compte tenu de leur taille importante, ces protéines diffusent mal à travers les endothélia/epithélia et seule une faible quantité atteint les voies aériennes limitant ainsi leur efficacité dans le traitement des maladies respiratoires. L’inhalation qui consiste à administrer un aérosol d’Ac directement dans les voies respiratoires présente de nombreux avantages. En permettant le dépôt du médicament à proximité de la cible, elle augmenterait son index thérapeutique tout en permettant de réduire la dose administrée. Elle est de fait, la voie privilégiée pour l’administration de petites molécules pour le traitement de l’asthme, de la BPCO ou de certaines infections respiratoires. ... MAIS EST TECHNIQUEMENT DIFFICILE Malgré ses avantages évidents, l’inhalation n’est pas à l’heure actuelle massivement utilisée pour l’administration d’Ac. Ceci s’explique par les difficultés inhérentes associées à l’inhalation et notamment l’instabilité des Ac durant le processus d’aérosolisation, à l’inhalation. En effet, les Ac sont des molécules complexes et sensibles à la dégradation des stress rencontrés durant l’aérosolisation.   Besoin d’une vision holistique Le développement d’Ac inhalés pour le traitement des pathologies respiratoires nécessite la prise en compte globale de plusieurs facteurs : (i) le type de pathologie qui va conditionner le dépôt de l’aérosol à proximité de la cible dans les voies aériennes, (ii) l’amélioration des dispositifs d’inhalation et de la formulation afin d’améliorer le dépôt de l’Ac à proximité de sa cible, (iii) la stabilisation de la structure à des afin d’améliorer son index thérapeutique et réduire les effets secondaires et (iv) l’amélioration de nos connaissances autour des barrières biologiques pulmonaires (mucus, protéases notamment) qui pourraient limiter l’efficacité des Ac inhalés.   Perspectives La récente pandémie à SARS-CoV-2 a relancé la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques inhalées contre les infections respiratoires, basées sur des Ac, comme alternative aux vaccins et aux antibiotiques. À terme, le développement d’Ac anti-infectieux inhalés permettant une neutralisation large de différents pathovars avec un coût réduit permettra d’améliorer notre arsenal thérapeutique pour faire face à d’autre pandémie. Plus globalement, l’inhalation comme voie d’administration non invasive permettra d’envisager des stratégies de traitement à domicile qui réduiront le coût global et l’utilisation de ressources hospitalières pour les traitements par Ac.