Publié le 25 mar 2024Lecture 4 min
Prise de poids et risque d’asthme
Catherine FABER, d’après la communication de L. Guilleminault, Toulouse, CPLF 2024
Il existe un lien épidémiologique fort entre l’asthme et l’obésité. La connaissance de cette relation est d’autant plus importante que la prévalence de l’obésité dans le monde a triplé depuis 1975 alors qu’il s’agit d’une maladie évitable.
Les premières données épidémiologiques attestant d’une plus grande fréquence de l’asthme chez les patients obèses datent de la fin des années 1990. Un constat confirmé par des études menées ultérieurement. D’après une méta-analyse chez des adultes, le surpoids augmente le risque d’asthme de 38 % et l’obésité de 92 %. Des études utilisant des modèles mathématiques ont par ailleurs identifié un phénotype particulier de patients asthmatiques obèses, à prédominance féminine, sans inflammation éosinophilique et caractérisé par un début d’asthme tardif.
DANS L’ENFANCE
Le suivi de grandes cohortes de naissance a montré que l’apparition précoce d’une obésité entraîne un surrisque de développer un asthme à l’âge de 6 ans et de 18 ans. Ce surrisque est significatif dans deux situations : en cas de persistance de l’obésité entre 6 et 12 ans, et d’augmentation rapide de l’indice de masse corporelle (IMC) lors des deux premières années de vie. On peut donc logiquement penser que le maintien d’une trajectoire d’IMC normale durant l’enfance peut réduire le risque d’asthme. D’autres facteurs de risque accru d’asthme ont été identifiés comme l’exposition au tabagisme in utero, le tabagisme maternel durant l’enfance, les maladies allergiques parentales, le surpoids à l’âge de 16 ans et un IMC élevé de la mère au début de la grossesse. Ce dernier a des conséquences négatives en termes de développement de l’asthme qu’il soit transitoire, tardif ou persistant.
MULTIFACTORIELLE ET COMPLEXE
Les mécanismes de l’association entre l’asthme et l’obésité ne sont pas totalement élucidés. Cette problématique est multifactorielle. Elle implique l’augmentation des comorbidités (reflux gastroœsophagien, syndrome d’apnée du sommeil, diabète, dyslipidémie, dépression), le mode de vie (habitudes alimentaires, sédentarité), l’inflammation systématique associée à l’obésité (cytokines proinflammatoires, chimiokines), la participation du tissu adipeux à l’inflammation (sécrétion adipocytaire de leptine et d’adiponectine) etl’influence de la fonction respiratoire. Le rôle des macrophages du tissu adipeux est aujourd’hui mieux compris.Une augmentation des macrophages M1 pro-inflammatoires et surtout un déséquilibre du rapport M1/M2 ont été observés chez les patients obèses asthmatiques comparativement aux obèses non asthmatiques. Quant à la mécanique ventilatoire, elle est un élément important dans la physiopathologie du phénotype asthme et obésité. On sait que les patients obèses respirent à faible volume courant avec comme conséquence une pression de clôture des voies aériennes très basse. En outre, la graisse thoracique et abdominale peut réduire la capacité respiratoire par compression pulmonaire. Une association génétique entre l’asthme et l’obésité a aussi été mise en évidence. Des travaux ont en effet montré qu’il existe des phénotypes d’asthme associés à des traits liés à l’obésité. De nombreux gènes sont concernés parmi lesquels les gènes ACOXL et MYL6.
Toutes ces données plaident en faveur d’une prise en charge globale des patients obèses asthmatiques incluant les règles hygiéno-diététiques et l’exercice physique en plus des traitements antiasthmatiques inhalés. Les résultats d’une étude montrant le bénéfice, sur le contrôle de l’asthme de l’adulte, d’un réentraînement à l’effort dans le cadre d’un programme de perte de poids confirment l’intérêt de cette démarche. En cas d’obésité morbide, la chirurgie bariatrique semble également avoir un effet bénéfique qui devra toutefois être confirmé. Des études en cours à Toulouse, Montpellier et Bordeaux vont permettre de savoir si la pose de ballon dans l’estomac chez ce type de patients améliore l’asthme. La démonstration d’une relation inverse entre l’asthme et l’obésité témoigne de la complexité de leur association. Elle provient d’une étude internationale chez des adultes normo-pondéraux non atopiques qui ont bénéficié de deux suivis à 10 ans d’intervalle. Ses auteurs ont constaté que le fait d’être asthmatique augmente le risque d’obésité. Enfin, on dispose d’arguments indiquant que la mise sous biothérapie des asthmatiques sévères s’accompagne d’une perte de poids.
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