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Pneumologie

Publié le 05 nov 2024Lecture 4 min

Télésurveillance dans l’asthme pédiatrique : des défis à relever

Catherine FABER, d’après la communication de David Drummond, Paris - ERS 2024

L’utilisation des systèmes de télésurveillance chez les enfants, y compris ceux atteints d’asthme, pose des défis spécifiques, à la fois techniques, éthiques et sociétaux(1).

La télésurveillance répond à une définition précise. Cet acte permet à un professionnel médical d’interpréter à distance, grâce à l’utilisation d’un dispositif médical numérique, les données de santé du patient recueillies à son domicile. Dans le cadre de la télésurveillance des patients asthmatiques, plusieurs outils peuvent être utilisés pour collecter des informations concernant divers paramètres(2) : les symptômes (questionnaires), l’activité physique (compte de pas) et l’environnement (géolocalisation) avec les applications sur smartphone ; la fonction pulmonaire avec les spiromètres connectés ; l’utilisation des traitements de fond (observance) et des traitements d’urgence (contrôle de la maladie), la technique d’inhalation et, éventuellement, l’environnement avec les inhalateurs connectés ; l’activité physique, la fréquence cardiaque et la SpO2 avec les bracelets et montres connectées ; les données d’auscultation pulmonaire avec les stéthoscopes connectés ; la température, l’humidité, les polluants et les pollens atmosphériques avec les capteurs de qualité de l’air connectés.   Des résultats discordants Les bénéfices de la télésurveillance dans l’asthme de l’enfant ont été évalués dans de nombreuses études contrôlées randomisées, avec des résultats contradictoires(2). Quelques-unes reposent sur l’enregistrement des données de spirométrie ou de débitmètres de pointe sur des sites web avec, soit une adaptation mensuelle du traitement de fond, soit une gestion personnalisée en cas d’alerte, soit une adaptation du traitement et une éducation tous les deux mois. Ce mode de télésurveillance n’a pas d’effets significatifs sur les symptômes, la fonction pulmonaire, les exacerbations, les consultations ou les hospitalisations, et la qualité de vie (QDV). Des études avec des inhalateurs connectés ont mis en évidence une meilleure observance que chez les témoins, mais là encore sans bénéfice sur le contrôle des symptômes, le risque d’exacerbation, la fonction pulmonaire et la QDV. Des résultats plus intéressants sont obtenus quand l’alerte est déclenchée par une surutilisation des bronchodilatateurs de courte durée d’action (BCDA) et/ou une sous-utilisation des corticoïdes inhalés avec une information du médecin et de la famille. Selon les études, on observe alors une réduction de l’usage des BCDA, un taux d’observance plus élevé que chez les contrôles, un meilleur contrôle des symptômes et un moindre recours à la corticothérapie orale. Dans l’une d’entre elles, cette télésurveillance active en temps réel avec des inhalateurs connectés s’est accompagnée d’une plus grande consommation de soins (consultations, hospitalisations, corticothérapie orale). Un phénomène qui pourrait être lié notamment à des seuils d’alerte trop faibles. Il faut aussi évoquer le problème des dispositifs « dysfonctionnels », « cassés » ou « perdus » qui, dans les études, représentent 4 % à 50 % de l’ensemble des dispositifs distribués.   Développer des dispositifs adaptés Les enfants ne sont pas tous équipés de smartphones. Chez les plus jeunes d’entre eux, un temps d’écran excessif peut être associé à des effets néfastes sur leur développement cognitif. Dans cette population pédiatrique, il est donc préférable d’utiliser des dispositifs spécifiques autonomes comme les « robots compagnons ». Un dispositif médical de ce type développé récemment a été testé chez des enfants asthmatiques(3). Il est nécessaire de développement des dispositifs adaptés au développement physique, cognitif et émotionnel des enfants(4). Sur le plan éthique, il faut veiller à ce que les données recueillies soient utilisées pour leur bien, que leurs droits soient préservés et qu’il n’y ait pas de risque pour le développement de leur autonomie et leur santé mentale. Les défis sociétaux à relever concernent essentiellement l’égalité de l’accès aux soins et l’impact environnemental de la santé numérique.   En conclusion, les dispositifs passifs avec des alertes et un retour sont prometteurs, mais ils augmentent la charge de travail des intervenants. Le retour automatisé pourrait améliorer la prise en charge de l’asthme tout en évitant ce surcroit de travail. D’où l’intérêt de développer des dispositifs comportant cette fonctionnalité et adaptés à l’âge des enfants.

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