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BPCO

Publié le 05 déc 2024Lecture 3 min

Bénéfices cardio-respiratoires des agonistes des récepteurs du GLP-1 chez les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive

Patrice DARMON, Marseille

Les personnes souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) présentent un risque accru d’exacerbations aiguës, de pneumonies, de maladies cardiovasculaires et de décès prématuré. Chez ces patients, l’existence d’une obésité, d’une insulinorésistance et/ou d’un diabète est associée à une détérioration accrue de la fonction respiratoire ainsi qu’à un pronostic global encore plus défavorable. Plusieurs études cliniques menées chez des patients souffrant de diabète de type 2 (DT2) et présentant ou non une maladie respiratoire suggèrent que les agonistes des récepteurs du GLP-1 (AR GLP-1) pourraient avoir des effets bénéfiques sur la fonction pulmonaire et notamment sur le risque d’exacerbation en cas de BPCO.

À partir de la base de données de recherche de l'assurance maladie nationale de Taïwan, Yen et coll. ont pu identifier, parmi plus d’un million de personnes chez qui un double diagnostic de DT2 et de BPCO avait été porté entre 2011 et 2019, une cohorte de 8 060 patients ayant débuté un traitement par AR GLP-1 au moins 28 jours après l’inclusion. Ces patients ont été appariés, après application d’un score de propension, à 8 060 autres n’ayant jamais reçu de traitement par AR GLP-1 tout au long de la période d’étude. Au terme d’un suivi moyen de 2,51 années pour les utilisateurs d’un AR GLP-1 RA et de 2,46 années pour les non-utilisateurs, il existe chez les premiers une réduction significative du risque de mortalité (Hazard Ratio ajusté 0,46 [IC95% 0,38-0,56]), d'événements cardiovasculaires majeurs à savoir hospitalisation pour accident vasculaire cérébral, maladie coronaire ou insuffisance cardiaque (HRa 0,73 [IC95% 0,65-0,82]), de ventilation non invasive en pression positive (HRa 0,66 [IC95% 0,47-0,93]), de ventilation mécanique invasive (HRa 0,64 [IC95% 0,51-0,80]) et de pneumonie bactérienne (HRa 0,76 [IC95% 0,65-0,88]). L’analyse en sous-groupes (selon l’âge, le sexe, la présence ou non d’une obésité, l’existence ou non d’un tabagisme, l’ancienneté du diabète, la fréquence et la sévérité des exacerbations) retrouve des résultats similaires pour ces différents critères de jugement dans la majorité des situations. Il existe une association inverse significative entre la durée du traitement par AR GLP-1 et le risque de mortalité, d'événements cardiovasculaires majeurs, de ventilation mécanique invasive et de pneumonie bactérienne. Les auteurs ont ensuite comparé plus spécifiquement le devenir de patients avec un DT2 et une BPCO après initiation d’un AR GLP-1 ou d’un inhibiteur de SGLT2 : après application d’un score de propension, il existe chez les premiers une réduction significative du risque de décès (HRa 0,61 [IC95% 0,46-0,80]), d’hospitalisations en lien avec la BPCO (HRa 0,72 [IC95% 0,55-0,96]) et de ventilation mécanique invasive (HRa 0,71 [IC95% 0,52-0,97]). Avec toute la prudence qu’impose sa méthodologie (beaucoup de caractéristiques cliniques et biologiques d’intérêt sont manquantes), cette étude observationnelle de cohorte de grande envergure suggère que les AR GLP-1 améliorent le pronostic cardiovasculaire et respiratoire des patients présentant à la fois un DT2 et une BPCO et pourraient même réduire le risque de mortalité chez ces patients. Ces résultats très prometteurs doivent désormais être confirmés par des essais randomisés contrôlés de qualité.

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