Publié le 11 mai 2011Lecture 3 min
Faut-il vacciner les allergiques à l’œuf ?
Dr Geneviève Démonet
La vaccination d’un allergique à l’œuf est redoutée autant par les médecins que par les patients eux-mêmes. Les mentions légales ne sont pas rassurantes : elles mettent en garde contre le risque d’une réaction d’hypersensibilité immédiate en cas d’allergie à l’œuf pour le ROR et contre-indiquent chez ces mêmes patients les vaccins contre la grippe et la fièvre jaune.
Il est pourtant exceptionnel d’observer une réaction allergique lors de ces vaccinations. Que faut-il en penser ? Les données de la littérature rapportent de 0,4 à 1 réaction anaphylactique par million d’injections de ROR avec aucun effet secondaire sur une série de 500 vaccinations chez l’enfant allergique à l’œuf. De la même façon, les réactions survenues après vaccination antigrippale n’ont pu être rapportées à l’existence d’une allergie à l’œuf. Plusieurs séries de vaccinations (en une ou 2 injections) chez des allergiques à l’œuf ont été publiées et n’ont pas rapporté d’effets secondaires significatifs. Les données sont aussi rassurantes pour la vaccination contre la fièvre jaune. On peut cependant supposer que bon nombre d’allergiques à l’œuf pourraient refuser la vaccination et par ce biais fausser les chiffres obtenus. Il n’en reste pas moins que toute réaction allergique à un vaccin n’est pas due à l’œuf. Ce même type de réaction est décrit pour les vaccins contre l’hépatite B et la diphtérie qui ne contiennent pas d’œuf. Le taux d’ovalbumine contenu dans le vaccin serait déterminant pour apprécier sa sécurité d’utilisation chez l’allergique à l’œuf avec un seuil retenu de 1,2 µg/mL. Cependant, la teneur indiquée par les laboratoires est la quantité maximale possible et est souvent beaucoup plus élevée que la quantité réelle présente dans le vaccin. En pratique, le ROR peut être pratiqué sans restriction en cas d’allergie à l’œuf même sévère. En ce qui concerne la grippe, si la quantité d’ovalbumine est inférieure à 1,2 µg/mL, la vaccination peut se faire en une seule dose sans tests. Par précaution, certains suggèrent une vaccination en 2 temps (10 % de la dose puis 90 % 30 minutes plus tard). Pour la fièvre jaune, lorsque la quantité d’ovalbumine est inconnue, la prudence recommande la pratique d’un prick-test puis d’une IDR (1/1OO). La vaccination a toutefois été possible en 3 injections dans certaines publications. Une bonne information des médecins pratiquant la vaccination est indispensable pour améliorer la couverture vaccinale de la population.
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