Publié le 09 déc 2008Lecture 3 min
Implants cochléaires et complications cutanées graves
Dr Catherine Watkins
Le rôle essentiel de la cochlée est de transformer une énergie acoustique en une énergie électrique perceptible au niveau des aires cérébrales spécialisées. La technologie des implants cochléaires n’a connu son essor chez l’enfant qu’au début des années 90, alors que ses applications se sont développées chez l’adulte dans la décennie précédente. Depuis, les implants cochléaires sont entrés dans le champ thérapeutique. Les systèmes actuellement commercialisés rentrent dans le cadre des dispositifs médicaux implantables. Ils ont en commun le site de leur implantation intracochléaire, les électrodes étant placées dans la rampe tympanique de la cochlée. Ils diffèrent les uns des autres par les modalités des stimulations et du codage de l’information. Certes, les techniques opératoires actuelles sont au point, mais elles exposent néanmoins à des complications cutanées graves, voire majeures, comme en témoignent les résultats de deux études. La première étude de cohorte (1) rétrospective a porté sur un total de 975 implantations cochléaires. Cinq patients ont présenté à distance de l’intervention une lésion cutanée du cuir chevelu, en regard de la partie centrale de l’implant sur laquelle se greffe l’antenne. Dans 4 cas, l’implant a été expulsé, en dépit d’une antibiothérapie adaptée. L’ablation de ce dernier a été réalisée chez trois patients ce qui a permis d’obtenir la guérison, mais aucune réimplantation n’a été consentie ultérieurement. Une reprise chirurgicale a été tentée chez trois patients, mais elle n’a été couronnée de succès que dans un seul cas. Chez une patiente, l’histoire clinique s’est avérée plus complexe, au travers d’extrusions itératives d’implants cochléaires de marques différentes. Chaque tentative de reprise chirurgicale s’est soldée par un échec, même après encapsulation de la partie centrale de l’implant. L’autre étude, également rétrospective (2), a porté sur 314 implantations cochléaires réalisées chez l’adulte (âge moyen, 56 ans ; extrêmes, 16-81 ans) depuis 1991 à nos jours. Neuf complications cutanées majeures (2,8 %) ont été dénombrées, à type de nécrose, d’infection chronique du processeur de l’implant ou encore d’extériorisation de ce dernier. Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : 1) affection dermatologique (n=2) : psoriasis pustuleux, maladie de Darier ; 2) radiothérapie de la base du crâne (n=1) ; 3) diabète de type 2, associé à une cirrhose (n=1). Le délai entre l’intervention et la survenue de ces lésions cutanées a été en moyenne de 7,4 mois. Une ou plusieurs reprises chirurgicales se sont avérées nécessaires dans les 9 cas évoqués. Six explantations cochléaires ont été réalisées (1,9 %), en moyenne 17 mois après la primo-implantation, et dans le même temps, 5 implantations cochléaires controlatérales. L’étiologie infectieuse est à évoquer devant ces complications cutanées graves, quoique rares, observées après implantation cochléaire, mais d’autres phénomènes entrent certainement en ligne de compte, qu’il s’agisse d’une réaction allergique à l’un des composants du dispositif implantable, d’une intolérance à un corps étranger ou des facteurs de risque préopératoires, évoqués dans la seconde étude.
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