Publié le 22 fév 2023Lecture 5 min
Actualités de la pneumologie
Cindy RAOULT
-
La survie des patients atteints de cancer bronchique
Les résultats de l’étude KBP-2020(1) portent sur la survie à 2 ans des cancers broncho-pulmonaires (CBP) pris en charge dans 82 centres hospitaliers régionaux en France, soit près de 9 000 patients âgés de 68 ans en moyenne.
Les données analysées montrent une durée médiane de survie qui a presque doublé depuis 2000, particulièrement chez les patients atteints d’un cancer non à petites cellules. Ces résultats sont encourageants, mais certaines ombres au tableau persistent.
Ainsi, le risque de survenue d’un CBP est six fois plus élevé chez les fumeurs de cannabis par rapport aux fumeurs de tabac seul, même si le diagnostic est établi à un âge plus précoce dans cette population (53 ans versus 68 ans).
Par ailleurs, le risque de décès est trois fois plus élevé chez les patients atteints de Covid-19.
La proportion des femmes atteintes a augmenté de manière considérable, passant de 16 % en 2000 à 35 % en 2020 et la proportion est même de 41 % dans la population des moins de 50 ans. À noter que l’étude a également révélé une proportion 12,6 % de non-fumeurs, chiffre également en augmentation.
Par ailleurs, le diagnostic s’effectue à un âge plus tardif, souvent à un stade métastatique, soit 64,4 % au stade IV.
À noter que l’adénocarcinome restait l’histologie la plus fréquente. Les analyses des anomalies moléculaires effectuées chez la très grande majorité des patients ont montré que les mutations les plus fréquentes étaient la mutation KRAS (49 % des cas) et EGFR (25 % des cas).
Enfin, la chirurgie à visée curative représentait 20 % des premières stratégies thérapeutiques, alors que la chimiothérapie était utilisée dans 58,4 % des cas, la radiothérapie dans 28,5 % des cas. Les thérapies ciblées ont été employées dans 5,6 % des cas, mais l’immunothérapie dans 30,7 % des cas.
Au global, si ces résultats peuvent être jugés positifs, l’amélioration du pronostic, tant en termes de survie que de qualité de vie, est davantage attribuable aux avancées thérapeutiques plus qu’aux progrès de l’imagerie médicale, de la TEP en particulier. En effet, les progrès en matière de thérapies ciblées et d’immunothérapie ont été majeurs au cours de ces dernières années.
Il reste que continue à se poser l’intérêt d’un dépistage généralisé du cancer du poumon en France qui devrait faire l’objet d’une décision des autorités en fonction des résultats obtenus dans les études pilotes en cours (voir encadré).
D’après une communication de Hugues Morel (Orléans) lors d’une conférence de presse du CPLF
La silicose, toujours d’actualité
La silicose est la plus ancienne maladie professionnelle reconnue. À l’origine, « maladie des mineurs », cette pneumoconiose refait parler d’elle du fait du nombre de métiers et de situations professionnelles qui exposent à la silice cristalline. La silice est présente dans de nombreux matériaux utilisés dans le cadre professionnel : sable pour la fabrication du béton et du verre, argile dans le secteur de la céramique. Elle se disperse dans l’atmosphère également lors d’emploi d’outils rotatifs à haute énergie (perceuse, disqueuse) sur des matériaux riches en silice dans le secteur du bâtiment des travaux publics, mais aussi lors de la fabrication du verre, de porcelaine, de faïence, de travaux de confection de prothèses dentaires, de fabrication de plans de travail par les cuisinistes. Les pathologies liées à l’exposition à la silice sont des cancers broncho-pulmonaires, des pathologies auto-immunes comme la sclérodermie systémique, le lupus érythémateux systémique et la polyarthrite rhumatoïde. À noter que la silice cristalline est classée comme agent cancérogène avéré depuis 1997 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) pour le cancer bronchique. La silicose chronique, caractérisée par des lésions pulmonaires interstitielles micronodulaires ou nodulaires bilatérales, est à l’origine de complications cardiaques (insuffisance ventriculaire droite) et pulmonaires ou pleuro-pulmonaires (tuberculose et autre mycobactériose, nécrose cavitaire aseptique d’une masse pseudo-tumorale, aspergillose intracavitaire, pneumothorax spontané, surinfection bactérienne broncho-pulmonaire). La matrice emplois-expositions (MEE) spécifique de l’exposition professionnelle aux poussières de silice cristalline libre (quartz et cristobalite) développée par Santé publique France avait estimé qu’en 2007, 3,1 % des travailleurs étaient exposés à la silice cristalline et que 15,6 % des hommes avaient été exposés au moins une fois à cette poussière au cours de leur carrière professionnelle.
Depuis ces estimations, la silice cristalline est devenue un vrai sujet de préoccupation et depuis le 1er janvier 2021, les travaux exposants aux poussières de silice sont considérés comme cancérogènes, ce qui impose une substitution complexe à mettre en place du fait de la présence de la silice dans les matériaux de construction déjà en place et un contrôle des expositions (protections collectives, voire équipement de protection individuelle adapté)
D’après le BEH n°1 - 10 janvier 2023
Le tabagisme en France en 2020
Si la consommation de tabac a relativement diminué en France au cours des dernières années, il reste, selon les données du Baromètre de Santé publique France, à un niveau élevé. Ainsi, en 2020, selon une enquête effectuée auprès d’un échantillon de 14 873 personnes, plus de 3 adultes sur 10 (31,8 %) déclarent fumer et 25,5 % déclarent fumer quotidiennement. Malgré la pandémie de Covid-19, l’enquête a montré que la prévalence globale du tabagisme n’a pas varié entre 2019 et 2020. Cependant, le tabagisme quotidien est passé de 29,8 à 33,3 % dans la population dont les revenus étaient les moins élevés. Ainsi, après une baisse du tabagisme en France métropolitaine de 2014 à 2019, passant de 28,5 à 24 % de fumeurs quotidiens, la prévalence se stabilise, mais les inégalités sociales restent très marquées en 2020. Ainsi, la prévalence du tabagisme varie de 35,8 % parmi les personnes n’ayant aucun diplôme à 17,3 % parmi les titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. De même, ces chiffres varient de 33,3 à 18 % selon que les personnes ont un revenu mensuel faible ou un revenu élevé. La différence est encore plus marquée entre personnes au chômage et personnes en activité professionnelle. Rappelons ici que la prévalence du tabagisme en France reste élevée en France par rapport aux pays anglo-saxons : en 2019, elle s’élevait à 14 % au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie, et ce, avec les mêmes différences dans ces pays selon les inégalités sociales.
D’après le BEH n°8 - 26 mai 2021
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :