Publié le 15 fév 2011Lecture 4 min
Intérêt de l’écho-endoscopie pour le diagnostic de sarcoïdose
Dr G.Deslée
Le diagnostic de sarcoïdose thoracique repose sur un tableau clinique et radiologique compatible, la mise en évidence de granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires sans nécrose caséeuse et l’élimination d’autres causes de granulomatose telles que la tuberculose. La bronchoscopie souple (BS) permet la réalisation de prélèvements histologiques à visée diagnostique avec une rentabilité de l’ordre de 50-60 %. Plus récemment, l’écho-endoscopie (EE) bronchique ou oesophagienne permet la réalisation de prélèvements d’adénopathies médiastinales ou hilaires pour le diagnostic de sarcoïdose thoracique.
Une étude prospective multicentrique réalisée dans quatorze centres belges et un centre néerlandais a évalué l’apport de l’EE bronchique ou oesophagienne après une BS ne permettant pas de porter un diagnostic histologique de sarcoïdose thoracique. Au total, 137 patients, dont 92 hommes, de 43 ans d’âge médian, ont été inclus sur une période d’un an. Tous les patients avaient un tableau clinico-radiologique compatible avec une sarcoïdose. L’algorithme diagnostique proposé était le suivant : fibroscopie souple en première intention, puis EE bronchique ou oesophagienne en cas d’absence de diagnostic histologique obtenu par fibroscopie souple, puis chirurgie thoracique en cas d’absence de diagnostic histologique obtenu par EE. Finalement, la BS a été réalisée chez 121 patients. Les prélèvements réalisés étaient les suivants : biopsies bronchiques et transbronchiques (63 %), ponction d’adénopathie par voie transbronchique (21 %), aucun prélèvement histologique (16 %). La BS a permis d’obtenir un diagnostic histologique chez 57 patients (42 %). La rentabilité diagnostique était de 26 % pour les biopsies bronchiques, 42 % pour les biopsies transbronchiques et 26 % pour les ponctions d’adénopathie par voie transbronchique. Quatre-vingts patients, pour lesquels la fibroscopie souple n’avait pas permis d’obtenir un diagnostic histologique ou n’avait pas été réalisée, ont été envoyés pour réalisation d’une EE. Celle-ci a été réalisée chez 72 patients, dont 18 EE oesophagiennes (25 %) et 54 EE bronchiques (75 %). Les prélèvements ont permis d’obtenir un diagnostic histologique pour 47 patients (59 %). La rentabilité diagnostique était de 17/18 (94 %) pour l’EE oesophagienne et de 30/54 pour l’EE bronchique (56 %) (p = 0,03). Le diagnostic final de sarcoïdose thoracique a été porté chez 115 patients (84 %). La sensibilité pour le diagnostic de sarcoïdose était de 45 % pour la fibroscopie souple (62 % quand au moins un prélèvement histologique était réalisé) et de 71 % pour l’EE après une BS non informative. La stratégie proposée de BS initiale puis d’EE en cas de négativité de la fibroscopie souple permettait de poser un diagnostic histologique de sarcoïdose dans 84 % des cas. Cette étude démontre l’intérêt de l’EE dans l’algorithme diagnostique de la sarcoïdose thoracique, permettant ainsi d’éviter dans certains cas le recours à une exploration chirurgicale. Les points forts de cette étude sont le caractère prospectif et multicentrique et le nombre relativement important de patients inclus. Les points faibles sont les suivants : un nombre assez élevé de BS (16/137) et d’EE (8/80) non réalisées par refus du patient ou du praticien et l’absence de prélèvements histologiques lors de la fibroscopie initiale chez certains patients (19/121). La meilleure rentabilité de l’EE oesophagienne sur l’EE bronchique est à noter, mais cette étude ne compare pas les deux techniques et des biais de sélection sont possibles (accessibilité, taille des adénopathies). Enfin, cette étude ne permet pas de démontrer l’intérêt d’une EE en première intention pour le diagnostic histologique de sarcoïdose. En l’état actuel de l’accessibilité à l’EE, l’algorithme d’exploration associant dans un premier temps une BS avec prélèvements histologiques, puis secondairement une EE en cas de négativité de celle-ci paraît appropriée et pourrait permettre d’éviter un certain nombre d’explorations chirurgicales. L’expertise de l’endoscopiste et la qualité de la collaboration avec l’équipe anatomopathologique constituent des éléments probablement fondamentaux.
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